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Japon : le projet de loi de défense de Shinzo Abe inquiète la Chine

La Chambre basse japonaise a adopté les projets de loi de défense controversés du Premier ministre, destinés à renforcer le rôle militaire du pays sur la scène internationale. La Chine s'est dite inquiète par cette politique de défense.

Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a fait adopter jeudi 16 juillet par la Chambre basse du pays un projet de loi de défense controversé qui renforcerait le rôle militaire du pays sur la scène internationale. Ce texte a été voté par la coalition au pouvoir, tandis que les partis d'opposition ont boycotté le scrutin.

Le projet provoque en effet un fort mécontentement au Japon. Il rendrait possible l'envoi à l'extérieur des Forces d'autodéfense (le nom officiel de l'armée) pour venir en aide à un allié, en premier lieu les États-Unis. Il s’agirait d’une première depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.

"Le passage forcé de ces lois laisserait une tache sur la démocratie d'après-guerre du Japon. Je vous demande avec force d'annuler ce vote et de retirer ces projets de loi, qui sont anticonstitutionnels", a ainsi déclaré pendant la séance, le chef de l'opposition, Katsuya Okada.

"Qu'un gouvernement fasse usage de son seul jugement pour changer l'interprétation de la Constitution (...) sans véritable débat parlementaire ni réelle compréhension du public est une grave erreur. Monsieur le Premier ministre, votre méfait est trop grave pour être ignoré", a-t-il ajouté.

En signe de protestation, des dizaines de milliers de personnes ont également passé une partie de la nuit devant le Parlement pour dire "non à la guerre" et demander la démission de Shinzo Abe. Des échauffourées sont survenues lorsque la police a repoussé les manifestants, et deux hommes âgés d'une soixantaine d'années, soupçonnés d'avoir agressé des policiers, ont été arrêtés, selon les médias japonais.

Pour les pacifistes, l'initiative de Shinzo Abe va à l'encontre de l'article 9 de la Constitution, qui bannit le recours à la guerre, et risque d'entraîner le Japon dans une "guerre américaine", au Moyen-Orient notamment. Actuellement, l'armée nippone ne peut agir que dans le cas d'une offensive externe sur le territoire japonais.

Très critiqué, le Premier ministre s'est justifié en expliquant que le Japon devait faire face à de nouveaux défis et notamment la montée en puissance de la Chine. "Le contexte de sécurité dans lequel se trouve le Japon est de plus en plus difficile", a déclaré le chef du gouvernement à la presse après le vote. "Ces lois sont nécessaires pour protéger la vie des Japonais et prévenir une guerre avant qu'elle n'éclate", a-t-il également expliqué.

"Un acte sans précédent depuis la deuxième guerre mondiale".

Le voisin chinois n’a pas tardé à répondre à ses allusions. Pékin s’inquiète de ce projet qui est selon lui un "acte sans précédent depuis la deuxième guerre mondiale". "Il est parfaitement légitime de demander si le Japon va renoncer à sa politique exclusivement tournée vers sa défense, et quitter sa trajectoire de développement pacifique", a ainsi commenté Mme Hua Chunying, porte-parole de la diplomatie chinoise, peu après l'adoption de ce texte au Japon.

Ce dernier doit désormais passer en Chambre haute où il devrait normalement être soumis au débat pendant un maximum de 30 jours. Bien que la coalition du Premier ministre dispose de la majorité également à la Chambre haute, les commentateurs estiment possible que celle-ci rejette les textes ou les modifie. Cependant, la Chambre basse peut ensuite revenir sur ces changements avec une majorité des deux tiers, largement à la portée du camp au pouvoir.

Avec AFP et Reuters