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Burundi : les auteurs du putsch avorté veulent chasser Nkurunziza "par la force"

Alors que le camp du président burundais Pierre Nkurunziza a récusé le médiateur de l'ONU, les auteurs du putsch avorté du 13 mai ont promis de multiplier les troubles afin de contraindre le chef de l'État à la démission.

À 10 jours de la présidentielle du 15 juillet, les tensions se font de plus en plus vives au Burundi. Dernier épisode en date : les déclarations à la télévision kényane de l’un des généraux à l'origine du coup d'État avorté de la mi-mai, affirmant vouloir chasser "par la force" le président Pierre Nkurunziza, dont l’annonce de la candidature à un troisième mandat a plongé le pays dans une grave crise.

Depuis plusieurs semaines, Bujumbura, la capitale du Burundi, ainsi que d'autres villes du pays sont le théâtre régulier d'attaques à la grenade meurtrières. "Toutes ces actions en cours dans le pays, nous sommes derrière, et nous allons les intensifier jusqu'à ce que Nkurunziza comprenne", a indiqué, dimanche 5 juillet, Léonard Ngendakumana, bras droit du chef putschiste Godefroid Niyombare. Après l'échec de notre coup d'État, le 15 mai, nous avons jugé nécessaire de poursuivre la lutte [...] pour contraindre M. Nkurunziza à la démission."

Le général Niyombare, qui n'a pas donné signe de vie depuis sa fuite, "est toujours dans le pays et continue de se battre", a assuré Léonard Ngendakuma. Et de conclure : "Nous combattrons au Burundi jusqu'à ce que nous ayons atteint notre but".

Le camp présidentiel récuse le nouveau médiateur de l’ONU

De son côté, le camp présidentiel refuse le dialogue avec la communauté internationale. Dimanche, le CNDD-FDD, le parti au pouvoir, et ses alliés ont récusé le nouveau médiateur dans la crise burundaise, le Sénégalais Abdoulaye Bathily, qu’ils accusent d'avoir "gravement manqué au respect de la souveraineté du pays".

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Représentant spécial de l'ONU pour l'Afrique centrale, le diplomate sénégalais a été nommé à la tête de la médiation onusienne mi-juin à la place de Said Djinnit, qui avait lui-même jeté l'éponge le 11 juin, après avoir été récusé par les adversaires du camp présidentiel qui le jugeaient partial.

Le CNDD-FDD reproche notamment à Abdoulaye Bathily de ne pas "s'être annoncé" chez les plus hautes autorités du Burundi, dont le président Pierre Nkurunziza, dès son arrivée, mais d'avoir plutôt privilégié des diplomates et l'opposition et d'avoir demandé un report des élections. "Le parti annonce [...] qu'il retire toute sa confiance en ce représentant du secrétaire général de l'ONU et lui demande de déposer lui-même sa démission puisqu'il s'est récusé avant d'avoir commencé son boulot", a indiqué le porte-parole du parti.

Présidentielle au 30 juillet ?

Pour tenter de désamorcer une nouvelle fois la crise, les dirigeants des pays de la Communauté est-africaine (EAC) se sont retrouvés lundi à Dar-es-Salam, en Tanzanie. Ils ont de nouveau demandé au Burundi de reporter la présidentielle au 30 juillet. Pierre Nkurunziza n’a pas participé à ce conclave, a fait savoir dimanche son porte-parole. Le président burundais est en campagne dans les provinces de Mwaro et Gitega (centre), ont indiqué des sources présidentielles à l’AFP.

Lors de la première réunion de l’EAC, le 13 mai, les putschistes emmenés par le général Niyombare avaient profité de l'absence de Pierre Nkurunziza pour tenter un coup d'État, finalement avorté. Le président burundais avait alors boycotté le deuxième sommet qui s’était tenu le 30 mai.

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L'EAC réunit Burundi, Tanzanie, Rwanda, Ouganda et Kenya. Le président rwandais, Paul Kagame, a aussi boudé la réunion de ce lundi, selon la présidence rwandaise, mais a déjà ouvertement suggéré à son homologue burundais de quitter le pouvoir.

Compte tenu de la crise, et du climat d'insécurité dans le pays, l'EAC, comme la quasi-unanimité de la communauté internationale (Union africaine, Union européenne, États-Unis, ONU...) réclamait un report des élections générales burundaises, ouvertes le 29 juin par des législatives et communales dont les résultats sont encore attendus. Bujumbura a refusé de reporter les scrutins, arguant d'un risque de vide institutionnel, le mandat de Pierre Nkurunziza s'achevant le 26 août.

Au moins 70 personnes sont mortes depuis le début de la crise. Et plus de 140 000 Burundais ont fui dans les pays voisins (Rwanda, République démocratique du Congo et Tanzanie) le climat préélectoral délétère.

Avec AFP