Yassin Salhi, un père de famille de 35 ans et le principal suspect de l’attaque en Isère. Arrêté vendredi et toujours en garde à vue, il n’a pas de casier judiciaire mais avait été fiché pour ses liens avec la mouvance salafiste.
Yassin Salhi est soupçonné d'être l'auteur de l'attentat commis le vendredi 26 juin dans une usine de gaz industriels à Saint-Quentin-Fallavier (Isère). Il aurait décapité son patron de 54 ans, avant de précipiter son véhicule contre l’usine pour la faire exploser. Blessé à la tête, il a finalement été neutralisé par un pompier, alors qu'il tentait de déclencher une deuxième explosion, puis il a été placé en garde à vue dans un hôpital de Lyon. Les motivations de ce père de famille de 35 ans au casier judiciaire vierge, restent à cette heure non élucidées : vengeance personnelle ou jihad ?
"La victime était l'employeur de Yassin Salhi, ce qui laisse à penser que l'auteur présumé aurait agi par vengeance ; mais il a également brandi un drapeau avec la profession de foi musulmane (chahada) et des inscriptions en arabe ont été retrouvées sur le corps de la victime", explique Ben Barnier, envoyé spécial de France 24 à Saint-Quentin-Fallavier, précisant que "tous ces éléments sont en cours d'analyse".
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En lien avec la mouvance salafiste
La vie de Yassin Salhi est passée au crible. Né à Pontarlier, près de la frontière suisse, d'un père d'origine algérienne et d'une mère d'origine marocaine, le suspect y a été repéré par les services spécialisés dès les années 2005-2006 pour ses liens avec "la mouvance salafiste", a indiqué vendredi le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. Il a été fiché de 2006 à 2008 en raison de sa radicalisation.
Le jeune homme a ensuite quitté Pontarlier pour Besançon où il s’installe en 2011 avec sa femme et ses trois enfants. En 2013, il y est à nouveau repéré par les services spécialisés pour sa fréquentation d'individus soupçonnés de liens avec l'islam radical et il est surveillé de manière sporadique jusqu’à 2014.
Fin 2014, Yassin Salhi quitte la région avec sa famille pour s'installer à Saint-Priest près de Lyon, dans un appartement situé au premier étage d'un petit immeuble social. Les voisins, interrogés vendredi par l'AFP, décrivent une "famille discrète" menant une vie tranquille. "Leurs enfants jouent avec les miens, ils sont tout à fait normaux et câlins", note une femme, qui tient à garder l'anonymat.
"Des musulmans normaux"
À Saint-Priest, il avait trouvé du travail dans une société de transports. Il "fait de la livraison, [...] livre des cartons, des commandes", a expliqué son épouse à Europe 1, avant d'être elle-même interpellée vendredi, comme l'a été la sœur de Yassin Salhi. "On est des musulmans normaux, on fait le ramadan. Normal. On a trois enfants, une vie de famille normale", a-t-elle résumé, disant ne pas comprendre pourquoi son mari aurait commis cet attentat.
Yassin Salhi "était un gamin calme, ce n'était pas un nerveux", confirme le président de la mosquée de sa ville natale de Pontarlier, Nacer Benyahia. "C'était un plaisir de l'avoir à la mosquée, il était agréable", se souvient-il, "très choqué" par l'attentat. D'après lui, Yassin Salhi était encore un adolescent lorsqu'il a perdu son père.
Un collègue de travail interrogé par RTL estime toutefois que "c'était un loup déguisé en agneau". "Il m'avait déjà parlé de Daech, pas pour m'embrigader dans quoi que ce soit mais simplement pour me demander mon avis. Quand je lui ai dit ce que je pensais, à partir de ce jour-là, c'était ‘Bonjour-Au revoir’".
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Avec AFP