À l'issue d'une journée de mobilisation émaillée de violences, une délégation de l’intersyndicale des taxis a rencontré le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, qui a promis de faire "saisir systématiquement" les véhicules UberPop.
"Le gouvernement ne sera jamais résolu à la loi de la jungle. UberPOP est un service illégal, il doit être fermé", a promis le ministre de l'Intérieur après avoir reçu, jeudi 25 juin au soir, l'Intersyndicale des taxis, place Beauvau. Et pour donner preuve du sérieux de ses intentions, Bernard Cazeneuve a demandé à ce que les véhicules des conducteurs d'UberPop, une application de transport entre particuliers non-professionnels, soient "systématiquement saisis lorsqu'ils sont pris en flagrant délit". Une fermeture d'UberPop doit cependant, pour être effective, passer par une décision de justice.
Les syndicats de taxi n'avaient pas encore annoncé, jeudi soir, une éventuelle reconduite de la grève pour vendredi. Il se peut que la mesure ne soit pas suffisante, alors qu'ils réclament "la désactivation de l'application" UberPOP, qu'ils qualifient de "concurrence déloyale". Une nouvelle réunion entre gouvernement et syndicats a d'ores et déjà été fixée au 3 juillet prochain.
En déplacement en Colombie pour un voyage officiel, le premier ministre Manuel Valls a condamné, dans l'après-midi, des violences "inadmissibles" tout en réaffirmant que le service UberPop était "clairement illégal". Les "auteurs [de ces violences], qui se trouvent dans les deux camps, puisqu'il y a deux camps, doivent être poursuivis et seront poursuivis", a-t-il ajouté. Dans la soirée, Bernard Cazeneuve a indiqué le bilan des incidents de la journée : 10 interpellations, 7 policiers blessés et 70 véhicules dégradés.
UberPop interdit dans Paris par arrêté préfectoral
Le ministre de l’Intérieur avait annoncé, plus tôt dans la journée, avoir demandé au préfet de police de Paris de prendre un arrêté interdisant l’activité d’UberPop. Le ministre a également demandé à l'ensemble des préfets de saisir les procureurs de la République pour qu'ils appliquent la "plus grande fermeté" à la répression des infractions aux règles sociales et fiscales constatées de la part de la société américaine Uber avec sa déclinaison à bas coût UberPOP.
De son côté, le directeur général d'Uber France a affirmé jeudi que l'arrêté préfectoral interdisant UberPOP à Paris "ne change rien" et que ce service qui suscite la colère des taxis "peut continuer". "C'est un arrêté préfectoral, on va le contester et on verra ce que donne le recours, pour l'instant ça ne change rien, UberPOP peut continuer", a déclaré Thibaud Simphal à BFM Business.
Une large majorité des partis politiques a déclaré jeudi "comprendre les taxis", seuls EELV et le Parti de Gauche se prononçant contre l'interdiction du service de VTC UberPOP.
"On est obligé de passer par cette étape de la radicalité"
Opérations escargots, blocages des gares et des aéroports, voitures de transport avec chauffeur (VTC) prises pour cible : près de 3 000 taxis en colère s'étaient donc mobilisés, créant d'importantes perturbations et quelques accrochages.
Face au ras-le-bol de la profession, les syndicats revendiquent la nécessité de faire passer un message fort : "On est obligé de passer par cette étape de la radicalité", souligne Abdel Ghalfi (CFDT).
Porte Maillot, à Paris, des taxis ont ainsi pris d'assaut et incendié les vans de deux conducteurs de VTC, provoquant l'intervention des CRS et des pompiers, dans une odeur âcre de fumée, avec claquement de pétards et fracas de poubelles renversées.
Ambiance tendue aussi à l'aéroport d'Orly où des grévistes ont fait la chasse aux chauffeurs clandestins, sous le regard des forces de l'ordre.
Dans la capitale, la circulation est restée perturbée, avec des bus déroutés et des bouchons. Les accès à la gare du Nord comme à la gare de Lyon ont été bloqués par des dizaines de voitures, dont celle d'Olivier Noblot, taxi depuis 22 ans, "prêt à revenir tous les jours s'il le faut et à bloquer Paris".
Avec AFP et Reuters