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Tuerie de Charleston : le suprémacisme blanc, un danger sous-estimé

Dylann Roof, auteur de l’attentat de Charleston qui a causé la mort de 9 personnes en Caroline du Sud, affichait avant la tuerie sa proximité avec l’idéologie suprémaciste blanche. Une mouvance responsable de nombreux morts aux États-Unis.

À mesure que les traces numériques laissées par Dylann Roof – l'auteur de la tuerie de Charleston en Caroline du Sud qui a coûté la vie à 9 personnes le 19 juin – font surface, son adhésion à des théories racistes et sa fascination pour le suprémacisme blanc ne font plus aucun doute.

Sur sa page Facebook, l’Américain de 21 ans, arrêté peu après la fusillade et depuis incarcéré, arbore une veste sur laquelle sont cousus les drapeaux de l’Afrique du Sud et de la Rhodésie – nom des actuels Zambie et Zimbabwe –, deux régimes qui ont été dirigés par des minorités blanches et qui font l’admiration des activistes racistes aux États-Unis.

Tuerie de Charleston : le drapeau confédéré, symbole raciste, au coeur des débats

Le samedi 20 juin, plusieurs médias, dont le "New York Times", ont dévoilé l’existence d’un site Internet sur lequel ont été postées des photos du meurtrier posant avec le drapeau des confédérés – symbole sudiste aussi prisé par les suprémacistes blancs –, et un manifeste raciste dans lequel il martèle "la supériorité des Blancs", qui n’ont "aucune raison de se sentir coupables du traitement subi par les Noirs".

Sur ce site inactif aujourd’hui, la page d’accueil montre le cadavre ensanglanté d’un jeune blanc. Une image tirée de “Romper Stomper", un film australien sur des skinheads néo-nazis. La police de Charleston et le FBI cherchent encore à authentifier l'origine de ces publications, mais il fait peu de doute que c’est Dylann Roof qui les a postées sur Internet.

L'extrême droite, "première source de violence idéologique"

La tuerie de Charleston, qui a suscité une vive émotion dans tout le pays, vient rappeler que le mouvement suprémaciste blanc, dont le tristement célèbre ambassadeur est le Ku Klux Klan, existe toujours aux États-Unis. Son credo ? La supériorité radicale de la "race blanche", et une profonde méfiance envers l’État, perçu comme un obstacle à l’exercice de la liberté individuelle.

Selon Stéphane François, chercheur au CNRS spécialiste des États-Unis, interviewé par France Info, "il y a deux tendances radicales d'extrême droite aux États-Unis. La première, c'est la tendance néo-nazi, qui comprend les skinheads. La seconde, c'est celle des suprémacistes blancs, c'est une tendance de confession protestante, un racisme avec un fond chrétien. En tout, on compte environ 100 000 personnes aux États-Unis qui adhèrent à une de ces deux tendances. C'est une minorité très agissante."

La présence de ces mouvances n'est pas négligeable dans le pays. Selon les chiffres du  "Southern Poverty Law center", cités par le Huffington Post, les États-Unis comptent 930 groupuscules suprémacistes qui affichent des points de vue ouvertement racistes. Or, ils étaient autour de 600 dans les années 2000. L'existence de ces groupes est rendue possible par le 1er amendement, qui accorde la liberté d’expression totale aux Américains, et empêche donc de sanctionner des propos racistes, comme cela est le cas en France.

Aux États-Unis, ces mouvances suprémacistes ne se contentent pas d’asséner un discours raciste, certains de ses membres ou sympathisants n'hésitent pas à avoir recours à des actes violents. On peut rappeler l’attentat contre un immeuble d’Oklahoma City en avril 1995, qui a causé la mort de 168 personnes. Ou, plus récemment, en juin 2014, le meurtre de deux policiers par un couple de suprémacistes blancs à Las Vegas.

Dans un article du "New York Times", publié trois jours avant la tuerie de Charleston, deux chercheurs, Charles Kurzman et David Schanzer, avancent que depuis le 11 septembre 2001, les extrémistes de droite ont perpétré 337 attaques qui ont fait en tout 254 morts.

Dans un pays où 160 tueries par armes à feu ont été perpétrées entre 2000 et 2013, l’extrême droite est, selon cet article, la première source de violence "idéologique". Loin devant celle des islamistes extrémistes (ayant causé la mort de 50 personnes sur le sol américain depuis le 11 septembre) qui demeurent pourtant l'un des pricncipaux sujets de préoccupation des Américains.