À 60 ans, le banquier d'affaires franco-béninois Lionel Zinsou devient Premier ministre du Bénin. Cette entrée dans l'arène politique pourrait l'amener à viser la présidence du pays, à moins d'un an de la fin du mandat du président Thomas Boni Yayi.
Le banquier d'affaires franco-béninois Lionel Zinsou a été nommé Premier ministre du Bénin à la surprise générale, à moins d'un an de la fin du mandat du président Thomas Boni Yayi. Un premier pas qui pourrait lui ouvrir le chemin de la présidentielle de 2016.
Normalien au parcours brillant, neveu de l'ex-président béninois Émile Derlin Zinsou et personnalité incontournable des relations entre la France et l'Afrique, il dirigeait depuis 2009 l'un des plus gros fonds d'investissement d'Europe, PAI Partners, après être passé par la banque Rothschild.
Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, a salué la nomination de cette "personnalité remarquable", dont "les compétences et l'expérience internationale (...) seront de solides atouts pour le développement et le rayonnement du Bénin".
Âgé de 60 ans, cet ennemi de l'"afro-pessimisme", préside aussi la Fondation franco-africaine pour la croissance, une institution créée en décembre 2013 pour dépoussiérer les relations économiques entre la France et le continent africain.
Les spéculations vont déjà bon train après la nomination de Lionel Zinsou à la tête du nouveau gouvernement, qui compte 28 membres.
La présidentielle à l'horizon
Dans la classe politique de ce petit pays côtier d'Afrique de l'Ouest, certains se demandaient vendredi s'il ne s'agissait pas de le positionner, comme futur dauphin du chef de l'État. Le premier tour de la présidentielle est prévu en février 2016.
"On ne saurait lire dans la tête de Boni Yayi. Mais la nomination de Lionel Zinsou, c'est comme si on voulait nous imposer un homme. Il est certainement très apprécié, mais il ne peut pas espérer être le dauphin de notre leader", assurait vendredi un proche du pouvoir. Pour l'éditorialiste Adrien Amoussou, cela ne fait pas de doute : "Boni Yayi veut positionner (Lionel Zinsou) pour la présidentielle".
Souvent accusé par l'opposition de vouloir "tripatouiller" la Constitution pour se représenter l'an prochain, le président Boni Yayi, dont le troisième mandat s'achève début avril 2016, a juré à plusieurs reprises que son nom "ne figurerait plus jamais sur aucun bulletin" de vote.
L'évolution politique récente a placé le chef de l'État, au pouvoir depuis 2006, dans une position inconfortable. Son parti, le FCBE (Forces Cauri pour un Bénin émergent), a remporté les législatives en mars, mais sans la majorité absolue. Et l'opposant Adrien Houngbedji, son principal adversaire à la présidentielle de 2011, a été élu en mai à la tête de l'Assemblée nationale.
Dans tous les cas, souligne l'éditorialiste Vincent Foly, le nouveau Premier ministre dispose de peu de temps pour mener à bien de vraies réformes économiques dans le pays, où est attendu en juillet le président français François Hollande.
Avec AFP