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En images : des milliers de Syriens cherchent à gagner la Turquie pour fuir les combats

Le photographe turc de l'AFP Bülent Kiliç a immortalisé la semaine dernière le désespoir de milliers de réfugiés syriens fuyant la guerre et les jihadistes, près du poste-frontière d'Akçakale. Un reportage photo bouleversant.

Ce sont des photos aussi désarmantes que bouleversantes. Il y a quelques jours, entre le mercredi 10 juin et le lundi 15 juin, le photographe turc Bülent Kiliç, a pu se rendre à la frontière turco-syrienne, près du passage d'Akçakale. Là-bas, chaque jour, une foule gigantesque de réfugiés syriens attend de pouvoir fouler le sol turc. Tous ces hommes, femmes, enfants - et même nourissons - tentent de fuir les combats qui font rage entre les jihadistes de l'organisation de l'État islamique (EI) et les combattants kurdes, à Tall Abyad, une ville syrienne non loin de la frontière, conquise par l'EI en janvier 2014.

Pour le photographe de l'AFP, c'est un choc. Jamais encore son appareil photo n'avait immortalisé un tel concentré de détresse humaine. "Cela fait quatre ans que je photographie les réfugiés syriens à la frontière. J’ai assisté à la bataille de Kobané, qui avait provoqué l’exode de 200 000 personnes. Mais cette fois, c’est différent. Je n’avais encore jamais vu une chose pareille [...]", écrit le photographe sur le blog "making-of" de l'AFP.

Les images sont, en effet, saisissantes.

Tout a commencé le lundi 10 juin quand les autorités turques, craignant d’être débordées par un afflux massif de réfugiés, ont fermé à la mi-journée le poste-frontière d'Akçakale.

Pour les milliers de Syriens coincés aux portes de la Turquie, le désarroi est immense. Les jours passent et la foule s'accumule dans le dénuement le plus complet, sans eau et sous un soleil de plomb. "Samedi 13 juin, la situation est de plus en plus dramatique [...] Sur place, nous voyons une foule gigantesque massée dans les champs, dans une chaleur suffocante, écrit Bülent Kiliç. Les forces turques emploient des canons à eau et tirent des coups de feu en l’air pour essayer de les repousser loin de la clôture".

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Fait rare, le photographe aperçoit aussi des combattants de l'EI parmi les réfugiés. Ils ne sont qu'à quelques mètres des soldats turcs. Les deux camps se regardent. Mais les jihadistes ne les provoquent pas. Ils sont là pour rapatrier les Syriens vers Tall Abyad.

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Lundi 15 juin, les forces de sécurité turques ont finalement décidé de rouvrir les portes du poste-frontière d'Akçakale pour ne pas créer un goulot d'étranglement. Des milliers de personnes qui patientaient sous la chaleur côté syrien, franchissent la frontière. D'autres n'ont pas attendu l'autorisation des Turcs. Deux jours auparavant, malgré le danger et le risque de se blesser, des centaines d'entre eux ont escaladé des grillages, cisaillé les fils barbelés, passant les enfants par-dessus les clôtures.

Les soldats turcs ont laissé faire. "Quand deux mille réfugiés sautent en même temps par-dessus la frontière, il n’y a tout simplement plus aucune règle qui tienne", écrit encore Bülent Kiliç.

La Turquie est le principal pays d'asile des réfugiés syriens qui fuient la guerre civile. Elle en accueille aujourd'hui officiellement plus de 1,8 million.