Les députés français ont refusé jeudi, en seconde lecture, de supprimer l'amendement d'un sénateur, assouplissant la loi Evin. Une décision qui va à l'encontre des avis répétés de membres du gouvernement, dont la ministre de la Santé.
Les mises en garde de la ministre de la Santé, Marisol Touraine, n’auront pas suffit. Lors de l'examen en commission en nouvelle lecture du projet de loi Macron, les députés ont assoupli la loi Evin dans la nuit de mercredi à jeudi. Ils ont plus précisément refusé de supprimer un amendement adopté en mai, distinguant l'information de la publicité sur l'alcool.
La ministre de la Santé, Marisol Touraine, tout comme le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, avaient pourtant appelé lundi les députés à "ne pas changer la loi" Evin craignant une confusion entre publicité et information sur l'alcool."La loi Macron ne peut pas servir à détricoter les politiques de santé publique", avait alors fait valoir la ministre avant le vote. Quant au ministre de l’agriculture, Le Foll, tout en se disant défenseur de la viticulture, s'était lui aussi prononcé pour le statu quo sur la loi Evin, adoptée en 1991.
Les parlementaires n'ont donc pas suivi le gouvernement qui avait demandé la suppression de l’amendement du sénateur Gérard César (Les Républicains, ex-UMP) adopté début mai par la Haute Assemblée.
"Surréaction du lobby hygiéniste"
De leur côté, les partisans de l’amendement, dont l'ensemble du groupe viticulture de l'Assemblée nationale, présidé par la députée socialiste et viticultrice Catherine Quéré (Charente-Maritime), avait appelé "en conscience et en responsabilité" à maintenir l'amendement voté au Sénat, au motif qu'"il garantit un cadre clair pour la survie de notre viticulture, pour le développement des projets œnotouristiques locaux", entre autres.
Le député PS de la Gironde Gilles Savary avait, pour sa part, dénoncé une "surréaction du lobby hygiéniste" à l'amendement voté au Sénat. Cet amendement "ne remet nullement en cause, ni l'esprit, ni la lettre de la loi Evin, mais vise à éviter que, dans notre pays, dont la tradition viticole ancestrale s'est fortement imprimée dans la culture, et désormais dans notre économie et dans les rares succès de notre commerce extérieur, il devienne risqué pour un journaliste, un cinéaste ou un romancier d'évoquer nos produits vinicoles ou d'y faire référence", a-t-il justifié.
"Alors que des jugements récents invitent à l'autocensure, ce n'est pas faire offense à la loi Evin, ni à la lutte contre les ravages sanitaires de l'abus d'alcool que la représentation nationale prenne ses responsabilités et fasse son devoir élémentaire en précisant la loi sur ce point précis", avait jugé le député Savary.
Avec AFP