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Chine : la cigarette interdite dans les lieux publics clos à Pékin

Depuis lundi, fumer dans les espaces publics clos est interdit à Pékin. Dans un pays où la cigarette est monopole d'État et où les mesures antitabac restent lettre morte, la capitale chinoise affiche sa fermeté et entend rattraper son retard.

Il est désormais interdit de fumer dans les espaces publics clos à Pékin. Selon la nouvelle loi entrée en vigueur lundi 1er juin, les fumeurs pris en faute peuvent être verbalisés de 200 yuans (30 euros), tandis que les magasins ou restaurants coupables d'enfreindre la règle encourent une amende de 10 000 yuans (1 500 euros). Le tabac est également banni de certains lieux en plein air, comme les enceintes scolaires, sportives ou celles des hôpitaux. Les publicités des grands cigarettiers sont par ailleurs désormais prohibées dans la métropole de plus de 20 millions d'habitants.

Dans un pays où l'on tire volontiers sur sa cigarette en prenant l'ascenseur ou en montant dans un taxi, Pékin entend s'inspirer des législations des pays occidentaux. Il s'agit aussi de rattraper un retard qui a placé la Chine, premier pays producteur et consommateur de tabac, en queue de peloton de la lutte mondiale contre le tabagisme.

Plus d'un tiers des cigarettes fabriquées dans le monde sont fumées en Chine, où elles restent très bon marché. Le pays compte plus de 300 millions de fumeurs et un homme chinois sur deux est tabaco-dépendant. Le tabagisme y cause la mort d'une personne toutes les 30 secondes.

Une campagne d'affichage offensive

Cette fois cependant, les Pékinois ont été la cible d'une ambitieuse opération de sensibilisation médiatique, à laquelle ont participé des vedettes du show-business. D'immenses pictogrammes "défense de fumer" ont ainsi été déroulés sur le Nid d'oiseau, l'emblématique stade olympique de la capitale. Une campagne d'affichage, d'une durée de huit semaines, a aussi été lancée dans le métro.

Il faudra des semaines avant de pouvoir évaluer l'application réelle de la nouvelle règlementation. Des milliers d'agents seraient actuellement formés par la municipalité pour faire respecter les mesures. "On ne s'attend pas à ce que cela se fasse sans accroc", a estimé Bernhard Schwartländer, le représentant de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans le pays. Les boîtes de nuit, où la tabagie est commune, figurent en tête des lieux susceptibles d'être réfractaires, selon des experts.

Le premier cigarettier mondial est une entreprise publique chinoise

L'expérience de la capitale chinoise se révèlera cruciale pour l'éventuelle extension de la loi au niveau national. Mais la circonspection est de mise après de précédentes annonces restées sans lendemain. En 2011, sous pression de l'OMS, la Chine avait déjà adopté une loi interdisant de fumer dans les espaces publics. Mais aucune campagne de sensibilisation digne de ce nom n'avait été prévue et le texte est resté largement ignoré.

Selon les spécialistes, le monopole d'État de l'industrie du tabac, qui rapporte près d'un dixième des recettes fiscales nationales, fait obstacle à ce genre de mesures. La compagnie étatique China National Tobacco Corporation (CNTC) est de loin le premier cigarettier mondial, avec une production trois fois supérieure à celle de son premier concurrent, l'Américain Philip Morris. Plus largement, la nouvelle campagne s'inscrit dans les efforts gouvernementaux pour combattre le fléau de la pollution atmosphérique à Pékin, qui suffoque dans un air fréquemment jugé dangereux. Une plaisanterie en vogue énonce d'ailleurs qu'"à Pékin il vaut mieux fumer, parce qu'au moins cela permet de respirer à travers un filtre".

Avec AFP

Tags: Tabac, Chine, Pékin,