Sous la pression de la communauté internationale, la junte militaire birmane a autorisé des diplomates et des journalistes à assister au procès de l'opposante Aung San Suu Kyi (photo d'archives). Un accès qui reste toutefois limité.
AFP - Sous la pression internationale, le régime militaire birman a fait un geste en autorisant des journalistes et des diplomates à assister mercredi au procès de l'opposante Aung San Suu Kyi qui pourra aussi s'entretenir avec trois ambassadeurs, ont indiqué des diplomates.
Des responsables birmans ont annoncé que dix reporters, dont une journaliste de l'AFP, et les représentants des trente ambassades à Rangoun pourraient assister mercredi en tant qu'observateurs au procès de Mme Suu Kyi qui se déroulait jusqu'ici à huis clos dans une prison au nord de Rangoun.
Ce procès a suscité une vive indignation internationale et c'est la première fois que la junte, dirigée par le généralissime Than Shwe, donne ainsi accès à des audiences judiciaires visant des dissidents politiques de premier plan.
Outre les grands pays occidentaux, l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) était montée au créneau mardi en exprimant sa "grave préoccupation" concernant le procès de Mme Suu Kyi, "du fait de sa santé fragile".
"On peut se demander si toutes les pressions internationales et, en particulier pour une des premières fois celles des membres de l'Asean, n'ont pas joué un rôle", a déclaré un diplomate occidental.
Après l'audience mercredi, les ambassadeurs thaïlandais, singapourien et russe en poste à Rangoun pourront s'entretenir avec Mme Suu Kyi dans le bâtiment spécial où elle est détenue désormais à l'intérieur de la prison d'Insein, a-t-il indiqué.
La Thaïlande préside actuellement l'Asean, l'ambassadeur de Singapour à Rangoun est le doyen du corps diplomatique et la Russie assure ce mois-ci la présidence tournante du Conseil de sécurité de l'ONU, a précisé ce diplomate.
A l'ouverture lundi du procès de Mme Suu Kyi, quatre ambassadeurs européens qui s'étaient rendus à Insein avaient été contraints de faire demi-tour.
L'Union européenne et les Etats-Unis ont vivement réagi à ce que certains responsables ont qualifié "d'acharnement" des autorités contre la lauréate du prix Nobel de la paix.
La junte birmane, qui exerce généralement un contrôle très strict sur les médias, a également autorisé dix journalistes représentant des organes d'information étrangers et locaux à couvrir le procès, a annoncé mercredi un responsable du régime.
Jusqu'ici, les rares informations sur le procès émanaient des médias officiels, ainsi que des avocats et du parti de Mme Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie (LND).
Mme Suu Kyi, âgée de 63 ans, est jugée pour avoir enfreint les règles de son assignation à résidence en hébergeant début mai, avec la complicité de ses deux dames de compagnie, l'Américain John Yettaw, mormon de 53 ans qui a réussi à gagner à la nage la demeure de l'opposante, située en bordure d'un lac de Rangoun.
Aung San Suu Kyi, assignée à résidence depuis 2003, a été privée de liberté pendant plus de 13 des 19 dernières années.
Elle est passible de trois à cinq ans de prison si elle est condamnée pour l'affaire Yettaw, ce qui l'excluerait du paysage politique pendant les élections controversées que la junte entend organiser en 2010.
Sa période d'assignation à résidence expirait théoriquement le 27 mai et de grands pays occidentaux ont accusé les généraux birmans d'utiliser "le moindre prétexte" pour prolonger la détention de l'opposante.
Outre des pressions discrètes de certains de ses alliés, le régime birman a été vivement critiqué mardi dans une rare déclaration de l'Asean, diffusée par le gouvernement thaïlandais.
"Les yeux de la communauté internationale étant rivés en ce moment sur la Birmanie, l'honneur et la crédibilité du gouvernement (birman) sont en jeu", avait indiqué ce texte.
La Birmanie, membre de l'Asean, est gouvernée par des militaires depuis 1962.