Reconduit pour un cinquième mandat à la tête de la Fifa malgré le scandale de corruption qui ébranle l'organisation, Joseph Blatter se dit "choqué" par les accusations de la justice américaine. Et déplore la "haine" que nourrit l'UEFA à son égard.
Au lendemain de sa réélection à la tête de la Fédération internationale de football (Fifa), Joseph Blatter a dit avoir "été affecté par les attaques" nées du scandale de corruption qui a ébranlé la Fifa cette semaine.
Lors de la conférence de presse organisée après le comité exécutif de l’organisation, le dirigeant suisse de 79 ans avait toutefois estimé qu'il restait "l'homme de la situation" et a appelé à "l'unité et la solidarité" pour "aller de l'avant". "La tempête dure encore, elle n'a pas la valeur d'un ouragan" mais "les effets sont encore là", a-t-il jugé.
Plus tôt ce samedi, Joseph Blatter avait dit être "choqué", par les accusations américaines de corruption et avait dénoncé une campagne de "haine" venue de l’UEFA, présidé par Michel Platini.
Lors d’un entretien accordé à la chaîne de télévision suisse RTS, le patron du football mondial, reconduit pour un cinquième mandat, a dit voir dans l'action judiciaire américaine ayant conduit à l'arrestation de sept responsables Fifa à Zurich mercredi, une tentative d’interférer dans le congrès de la Fifa. "Il y a des signes qui ne trompent pas : les Américains étaient candidats à la Coupe du monde de 2022 et ils ont perdu [...] Si les Américains ont à faire avec des délits d'argent ou de droit commun qui concernent des citoyens nord ou sud-américains, qu'ils les arrêtent là-bas, mais pas à Zurich alors qu'il y a un congrès".
À la suite du premier comité exécutif de la Fifa organisée depuis sa réélection, Joseph Blatter a annoncé, samedi 30 mai, que le nombre de pays qualifiés pour les Coupes du monde 2018 en Russie et 2022 au Qatar resterait à 32 avec la même répartition par continent.
L'Europe garde ainsi ses 13 places pour le Mondial-2018 plus la Russie, pays organisateur, alors que l'UEFA avait exprimé ces derniers mois ses craintes de perdre une place.
Interrogé sur Michel Platini, président de l'UEFA qui avait appelé à sa démission, "Sepp" Blatter avait répondu : "je pardonne à tout le monde, mais je n'oublie pas". Et de préciser : "Nous ne pouvons pas vivre sans l'UEFA et l'UEFA ne peut vivre sans nous".
"Le football a perdu"
Depuis la réélection du Suisse à la présidence de la Fifa, plusieurs personnalités du football ont fait part de leur déception. "Aujourd'hui, la Fifa a perdu, mais par dessus tout, le football a perdu, ainsi que tous ceux qui tiennent sincèrement à lui", a indiqué Luis Figo sur Twitter. L'ancien international portugais avait un temps été lui-même candidat mais s'était retiré avant le congrès électif.
"Soit M. Blatter était au courant des actes de corruption, soit, s'il ne l'était pas comme il le prétend, cela signifie qu'il n'a pas les compétences pour diriger la Fifa", a poursuivi l’ancien Ballon d’or dans un message posté sur sa page Facebook. Il est "impossible que quelqu'un dirige la Fifa au mépris des règles les plus élémentaires de transparence, de légalité et de démocratie", a-t-il poursuivi, estimant que la réélection de Blatter "montre à quel point cette instance est malade".
De son côté, Sepp Blatter, âgé de 79 ans, a promis de redorer l’image de la Fifa. "Cela me laisse désormais du temps parce qu'on a dit que j'étais responsable de ce qui s'était passé. J'assume cette responsabilité et nous devons maintenant façonner une meilleure image de la Fifa et je sais comment faire", a-t-il fait savoir sur la chaîne de télévision officielle de la Fifa.
"Je ne vais pas le dévoiler maintenant mais nous le ferons à partir de demain matin [samedi]. Nous avons une réunion du comité exécutif et ils m'écouteront, ils recevront des informations et des messages, certains seront surpris", a-t-il poursuivi.
Nouveaux rebondissements ?
Pour Richard Weber, le patron du service des enquêtes du fisc américain, les affaires de corruption qui ébranlent la Fifa pourraient connaître de nouveaux rebondissements. "Je suis plutôt confiant dans le fait qu'il va y avoir une nouvelle vague d'inculpations", a-t-il confié, vendredi, au "New York Times". "Nous croyons vraiment qu'il y a d'autres personnes et d'autres sociétés impliquées dans des actes criminels", a-t-il poursuivi, tout en refusant de donner des précisions sur les personnes ciblées par son service.
Richard Weber a par ailleurs balayé la thèse selon laquelle la première vague d'inculpations de hauts dirigeants de la Fifa, annoncée mercredi en plein comité exécutif de l'instance internationale, était destinée à empêcher la réélection de Joseph Blatter.
Malgré l'énorme pression née du scandale planétaire, Joseph Blatter a été réélu vendredi, comme attendu, pour un cinquième mandat. À l'issue du premier tour, le Suisse a raté de peu la majorité qualifiée des deux tiers, avec 133 voix contre 73 au prince Ali, son unique adversaire, sur les 209 fédérations membres de la Fifa. Le Jordanien est alors monté à la tribune pour annoncer son retrait, entraînant de fait la réélection de Blatter.
Avec AFP et Reuters