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Le personnel des hôpitaux de Paris en grève pour défendre les 35 heures

De 6 000 à 8 000 grévistes étaient rassemblés jeudi devant le siège de l'AP-HP, à Paris. Tous les syndicats de l'établissement appelaient à la grève contre le projet de réorganisation des 35 heures du directeur général Martin Hirsch.

"Les RTT, c'est pour souffler" : à l'unisson contre le projet de réorganisation des 35 heures, des milliers d'agents grévistes de l'AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) battaient le pavé jeudi 21 mai lors du premier conflit social d'envergure pour le directeur général Martin Hirsch.

Fait rare, toutes les organisations représentatives (CGT, SUD, FO et même la CFDT) ont fait front commun avec la CFE-CGC, la CFTC et l'Unsa. De de 6 000 à 8 000 agents grévistes, vêtus de blouses blanches, étaient rassemblés depuis 11 h devant le siège de l'AP-HP, dans le 4e arrondissement de Paris.

"Cela fait longtemps que l'on n'avait pas vu une telle mobilisation", a commenté Yann Flecher de la CGT.

Les soins ne devraient pas être trop perturbés, indique-t-on du côté de l'AP-HP.

Dans le viseur des grévistes : la réforme de l'organisation du temps de travail lancée par Martin Hirsch, qui pourrait toucher dès 2016 quelque 75 000 personnels (hors médecins) dans les 38 établissements de l'AP-HP.

Quels agents pourraient voir leur RTT diminuer, ou disparaître ? Les jours de congés octroyés pour des événements particuliers comme la Fête des mères sont-il menacés ?

"Ce n'est pas la fin des 35 heures, c'est les 35 heures organisées autrement, et ce n'est pas la fin des RTT", a répondu Martin Hirsch sur RTL, revendiquant la pleine confiance du gouvernement.

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, n'a pourtant pas apporté un franc soutien à son projet, martelant mardi que le gouvernement était attaché aux 35 heures et prévenant que la "réussite" du projet dépendrait de la qualité du "dialogue social".

Les propositions de Martin Hirsch ne visent "qu'à faire des économies sur le dos du personnel", résume pour l'AFP Rose May Rousseau, secrétaire générale de l'Union syndicale CGT de l'AP-HP.

Des négociations seront ouvertes le 28 mai.

"Socialement injuste"

Le chantier est "difficile", reconnaît Martin Hirsch, nommé à la tête de l'AP-HP pour apaiser les tensions, en pleine polémique autour de la fermeture des urgences de l'Hôtel-Dieu, en 2013.

Mais ce chantier est "indispensable" pour "préserver l'emploi" (avec plus de 4 000 postes menacés sur 4 ans) et la "qualité du travail", selon lui.

Il permettrait surtout d'économiser quelque "20 millions d'euros", à l'heure où l'hôpital public est sommé de se serrer la ceinture (3 milliards d'euros d'économies attendues d'ici à 2017, dont 860 millions sur la masse salariale).

Actuellement, plus de 60 % des agents travaillent 7 h 36 (38 heures/semaine) ou 7 h 50 (39 h10 ) par jour, avec un nombre de RTT allant de 18 à 20 jours par an, auxquels s'ajoutent des journées propres à l'AP-HP.

Problème : en raison du manque de personnel, les journées non prises s'accumulent sur les comptes épargne-temps. Un stock évalué à 74,7 millions d'euros fin 2014, selon la direction.

La réduction des plages horaires journalières à 7 h 30, voire 7 h, atténuerait ces frais, en diminuant, ou supprimant les RTT. Martin Hirsch a d'ores et déjà exclu la "généralisation" de la journée de 7 heures.

Réduire les plages horaires sans embauche serait "socialement injuste pour des agents dévoués et en première ligne au quotidien auprès des patients" et dont les salaires sont gelés depuis 2010, estime Rose May Rousseau.

"Faire en 7 h ce qui se fait en 7h36, se traduirait par une productivité plus intense, moins de repos", et nuirait à la "sécurité des patients", s'indigne-t-elle.

Les syndicats craignent en outre de perdre d'autres droits, comme la comptabilisation de la pause déjeuner de 30 minutes dans le temps de travail effectif.

"Le message qui est adressé (aux agents) est 'Vous bénéficiez de trop de congés et de trop d'avantages'", juge FO Santé dans un courrier à Marisol Touraine.

De leur côté, les numéros un de la CGT, Philippe Martinez, et de la CFDT, Laurent Berger, ont appelé à donner à l'hôpital "les moyens" nécessaires à son fonctionnement.

Avec AFP