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En colère contre la chute des prix, les producteurs de lait se mobilisent

Les producteurs de lait mènent une journée d'actions nationales pour protester contre la chute de leurs revenus. Les prix d'achats aux producteurs, qui sont désormais soumis à la concurrence, ont en effet radicalement baissé.

À Lille, des producteurs de lait ont "réveillé le préfet avec avertisseurs et pétards" avant de de traire leurs vaches devant la préfecture, alors que Boulogne-sur-Mer a été envahie par une cinquaintaine de tracteurs. Dans la nuit de lundi à mardi, quelque 3 000 caddies d'hypermarchés ont été déposés par les agriculteurs devant la préfecture de l'Ain.

Les agriculteurs français de la filière laitière dénoncent l'effondrement du prix d'achat de leur production. "Sur le lait récolté en avril, on constate une chute de 30 % par rapport au même mois de l'année précédente", explique à FRANCE 24 Florence Loyer, responsable des dossiers économiques à la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL).

La détermination du tarif auquel est acheté le lait revient au Centre national interprofessionnel de l'économie laitière (CNIEL), où producteurs et industriels tenaient jusqu’à peu leurs négociations. Mais "il n'y a plus de négociations", s'alarme Florence Loyer.

Contexte économique

En mai 2008, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a sommé par courrier de mettre fin à cette recommandation nationale sur le prix du lait, assimilée à une entente. "Aujourd'hui, au motif de cet avis et d'une dégradation des marchés du lait et de la poudre de lait, ils nous imposent une baisse", explique l'organisme.

Pour les acheteurs, la baisse des prix s’explique d’abord par le contexte économique. "De 2007 à 2008, la filière gagnait 17 %, il s'agissait d'une embellie qui n'est plus d'actualité, analyse Anne-Sophie Midol, responsable communication de l'Association de la transformation laitière française (Atla), soit l'ensemble des acheteurs du lait produit. C'était une bulle économique qui ne correspondait pas à l'état des marchés. Notamment au niveau européen, nous n'étions plus productifs face aux autres pays."

Les producteurs font monter la pression

Pour l'Atla, qui dit "entendre la colère des producteurs", cette chute de 30 % en avril 2009 par rapport à avril 2008 doit être nuancée. "En premier lieu parce qu'un seul mois en référence n'est pas révélateur, relativise Anne-Sophie Midol, il est plus judicieux de parler en trimestres pour éviter de telles variations. Ensuite pour une autre raison simple : les mois d'avril à juin sont une période bien connue du secteur, dite de la 'mise à l'herbe', où les productions sont traditionnellement parmi les plus fortes de l'année, influant logiquement sur les prix."

Plusieurs voies sont possibles pour apaiser le conflit. "Une solution pourrait être des négociations nationales, comme l'ont suggéré lundi les dirigeants de deux entreprises laitières françaises, Bel et Bongrain", avance Anne-Sophie Midol, qui ne s’oppose pas au retour à la négociation pour établir les prix d’achat.

Entre temps, les producteurs – qui craignent la disparition de leur profession - font monter la pression. "Le risque est de voir disparaître les producteurs de lait, avoue Florence Loyer, au profit d'une industrialisation qui n'est pas vraiment souhaitable. Les agriculteurs ont un rôle en France qui va bien au-delà de la production, notamment pour l'entretien des paysages." Face à ce danger, la nomination mardi de deux médiateurs est un début de réponse de la part du gouvernement.