Premier chef d'État occidental à fouler le sol cubain depuis 1959, le président français entend profiter de sa journée de visite à La Havane pour défendre les intérêts hexagonaux dans un pays en voie d'ouverture économique.
La visite est historique. Depuis 1959, aucun chef de l’État occidental n’avait foulé le sol cubain. Dimanche 10 mai, François Hollande est arrivé, en fin de soirée, à La Havane, où il effectuera lundi une visite officielle afin de défendre les intérêts français et européens dans un pays qui aspire à l'ouverture économique. "J'arrive ici à Cuba avec beaucoup d'émotion car c'est la première fois qu'un président de la république française vient à Cuba", a-t-il déclaré à son arrivée.
"Il s’agit d’un moment symbolique pour la France, indique James André, envoyé spécial de France 24 à Cuba. La France qui se targue d’une relation spéciale avec Cuba, notamment parce que Paris a systématiquement voté depuis 1991 à l’ONU la levée de l’embargo. Évidemment, le fait que François Hollande soit un président socialiste explique qu’il ait cet honneur d’être le premier à se rendre sur l’île depuis l'annonce du rapprochement entre Cuba et les États-Unis en décembre dernier."
L'idée de ce voyage "C'est que la France soit la première au nom de l'Europe et parmi les pays occidentaux à pouvoir dire aux Cubains que nous sommes à leur côté s'ils décident eux-mêmes de franchir les étapes nécessaires vers l'ouverture", avait expliqué le président français avant son départ.
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Premier président français à visiter l'île depuis plus d'un siècle, François Hollande brûle aussi la politesse aux autres chefs d'État occidentaux séduits par les perspectives d'ouverture à Cuba. À La Havane, Paris entend capitaliser sur des liens resserrés voici un peu plus d'un an par une visite de son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. Ce déplacement était venu confirmer l'importance que l'Élysée entend donner à l'Amérique latine dans sa diplomatie.
Dixième partenaire commercial de Cuba
"Aujourd’hui, la France n’est que le 10e partenaire commercial de Cuba, très loin derrière la Chine, les États-Unis, le Venezuela ou encore l’Espagne. Les échanges bilatéraux s’élèvent à seulement 180 millions d’euros par an, ce qui, à l’échelle du pays, est relativement faible, rapporte Georges Laederich, chroniqueur économique de France 24. L’entreprise française la plus présente sur l’île est Pernod-Ricard, via sa filiale Havana Club qui produit du rhum. Son PDG est présent aux côtés de François Hollande, comme celui d’Accor et d’Air France, pour développer le secteur touristique. À Cuba, après 50 ans de sanctions économiques, tout est à faire."
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Quelques contrats doivent être signés lundi, mais "ce n'est pas tant le montant qui va compter que d'accéder à des marchés latino-américains", a souligné le président français.
François Hollande a rappelé le soutien de la France à Cuba au sujet de l'embargo américain qui pénalise l'île depuis 1962. "Cuba veut maintenant passer à une autre phase, une autre période, un autre temps pour cette île qui a été victime d'un embargo. Malgré le geste [du président américain Barack] Obama, il y a encore des mesures qui empêchent les relations commerciales" avec de nombreux partenaires, a plaidé François Hollande avant son départ de la Guadeloupe.
Une rencontre avec Fidel ?
Pressé par plusieurs ONG de ne pas laisser les discussions économiques avec son homologue Raul Castro éclipser la question des droits de l’Homme, François Hollande a indiqué que cette dernière serait "nécessairement évoquée". Son premier geste lundi matin sera d'ailleurs de remettre la légion d'honneur au cardinal Jaime Ortega, qui a notamment joué un rôle de médiation pour favoriser la libération de prisonniers politiques.
"Je parlerai des droits de l'Homme car chaque fois qu'il y a des prisonniers politiques, chaque fois qu'il y a des manquements à la liberté, la France ne reste pas bouche cousue", a insisté le président français.
Le président français doit rencontrer lundi soir son homologue Raul Castro, qui a succédé à son frère Fidel en 2006. La présidence cubaine donnera également un dîner officiel dans la soirée. L'Élysée a par ailleurs informé de sa "disponibilité" pour un entretien avec le père de la révolution cubaine, mais celui-ci n'a pas été confirmé par La Havane. Très serré, le programme de cette visite d'une journée ne prévoit pas de conférence de presse.
Avec AFP