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Vers une trêve humanitaire au Yémen

Des militaires yéménites alliés aux rebelles houthis ont accepté le cessez-le-feu proposé par l'Arabie saoudite, prévu à partir du 12 mai. Les rebelles Houthis ont eux-mêmes répondu de manière positive.

Des militaires yéménites alliés aux rebelles houthis ont annoncé, dimanche 10 mai, qu'ils acceptaient le cessez-le-feu humanitaire proposé par l'Arabie saoudite. La trêve qui devrait débuter mardi 12 mai durera cinq jours. De leur côté, les rebelles chiites, soutenus par l'Iran, n'ont pas encore donné leur accord.

"Après la médiation de pays amis visant à établir une trêve humanitaire qui mettrait fin au blocus tyrannique et permettrait l'arrivée de navires de commerce dans les ports yéménites [...], nous annonçons que nous acceptons la trêve humanitaire", a déclaré le colonel Sharaf Luqman, porte-parole des militaires déserteurs qui ont aidé les rebelles à s'emparer d'une large partie du pays.

Des militaires restés fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, après qu'il a été chassé du pouvoir en 2012, ont joué un rôle majeur dans la conquête depuis septembre 2014 de vastes pans du Yémen par les rebelles chiites houthis, venus du nord du pays.

Suspension temporaire des raids

Ces militaires ont accepté l'offre saoudienne d'une suspension temporaire des raids aériens quotidiens depuis plus de six semaines, quelques heures après qu'un de ces raids a touché la résidence de l'ex-chef d'État dans la capitale Sanaa. L'ancien président, à la tête du Yémen pendant plus de trois décennies avant d'être chassé du pouvoir par un soulèvement populaire, ne semble pas s'être trouvé chez lui au moment où sa résidence a été bombardée.

De son côté, le bureau politique des rebelles chiites a indiqué "être prêt à réagir positivement à tout effort, appel ou mesure qui aiderait à mettre fin aux souffrances" de la population yéménite, selon une déclaration lue sur leur chaîne de télévision, al-Massirah.

Les rebelles chiites soutenus par l'Iran sont la cible d'un embargo sur les armes imposé par l'ONU, qui exige un contrôle strict de tous les cargos, entravant les livraisons de fuel et d'aide humanitaire.

Riyad a proposé vendredi un cessez-le-feu destiné à soulager la population prise au piège des combats, et prenant effet mardi soir pour cinq jours renouvelables, à condition que les rebelles s'engagent à le respecter.

L'Iran, accusé par les monarchies sunnites de soutenir militairement les Houthis, ce que Téhéran dément, a réagi à l'annonce d'une possible trêve en décidant d'envoyer un cargo chargé de 2 500 tonnes d'aide humanitaire, dont de la nourriture et des médicaments, à destination du port yéménite d'Hodeïda, rapporte dimanche l'agence de presse Tasnim.

Cette initiative risque de raviver les tensions avec la coalition saoudienne, qui impose un blocus maritime et a bombardé le mois dernier l'aéroport de Sanaa pour empêcher un avion iranien d'y atterrir.

Les Émirats arabes unis ont, quant à eux, annoncé le largage de 55 tonnes de nourriture et de matériel médical à Aden. L'agence de presse saoudienne SPA signale par ailleurs l'arrivée en Arabie d'un détachement malaisien qui doit participer aux
opérations de la coalition, sans préciser ni ses effectifs ni son rôle.

L'ONU dénonce une violation du droit humanitaire

L'ONU et des organisations humanitaires ont maintes fois critiqué les multiples frappes de la coalition contre l'aéroport, une voie "vitale" selon elles pour transporter les secours dans un pays en proie à toutes sortes de pénuries -nourriture, carburant, médicaments.

Les Nations unies ont accusé l'Arabie saoudite de violer le droit humanitaire international en bombardant des zones civiles habitées.

Dimanche à l'aube, des avions ont pris pour cible la maison d'Ali Abdallah Saleh à Sanaa. Ni l'ancien chef de l'État ni aucun membre de sa famille n'a été blessé, selon l'agence de presse yéménite Khabar.

"Ce n'est pas moi seul qui suis visé, mais tous les citoyens [...] C'est une lâche agression. Intervenez donc au sol, nous saurons vous accueillir", a-t-il lancé à l'attention de Ryad devant les ruines de sa résidence, sur l'antenne de sa chaîne de télévision.

Les combats, ainsi que le blocus aérien et maritime de la coalition, ont rendu la situation humanitaire alarmante au Yémen, pays pauvre de la péninsule arabique. L'Unicef a prévenu que si les restrictions aux importations continuaient, "elles feront plus de morts que les balles et les bombes dans les prochains mois".

Plus de 1 400 personnes ont été tuées dans le conflit, selon l'ONU.

Les Houtis comme leurs alliés ont remercié sans les citer des pays "amis" pour leurs efforts de médiation en vue d'une trêve. Vendredi, le chef de la diplomatie américaine John Kerry avait "encouragé" l'Iran et la Russie, "pays qui ont le plus d'influence" sur les rebelles à les "pousser" à accepter une trêve.

Avec AFP et Reuters