Les producteurs de lait français intensifient leurs actions pour protester contre la chute des prix du lait. De nombreuses manifestations sont prévues cette semaine, dont une grande journée de mobilisation nationale, mardi.
AFP - Les producteurs français vont lancer cette semaine une série de manifestations avec en point d'orgue une journée de mobilisation nationale mardi pour dénoncer la chute du prix du lait mais aussi la politique des pouvoirs publics qu'ils rendent responsables de la crise.
La fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), émanation de la FNSEA, premier syndicat agricole français, appelle mardi à des rassemblements devant les préfectures.
Mais les producteurs, qui ont multiplié ces derniers jours les blocages de laiteries dans l'Ouest, lanceront dès lundi des actions "ciblées", notamment contre le groupe fromager Bongrain, à Viroflay, dans la région parisienne.
"Je comprends et je soutiens la révolte des producteurs", a déclaré Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA. La baisse de 30% du prix du lait collecté en avril est une "provocation" et a été "imposée" sans "véritables négociations", dénonce-t-il.
La confédération paysanne, syndicat minoritaire, ne se joindra pas à la FNPL mais appelle les producteurs du Grand Ouest à se réunir à Rennes le 25 mai.
En Allemagne aussi la question est sensible: des productrices sont en grève de la faim pour obtenir un "sommet" sur le lait.
Les éleveurs français s'insurgent contre la baisse du prix du lait, qui devrait avoisiner les 210 euros les 1.000 litres, "un niveau jamais atteint par le passé", y compris en 2006 qui avait été une très mauvaise année, selon la FNPL.
Et ce prix est "très largement" inférieur aux coûts de production, alors que les charges se sont envolées suite à la hausse des cours du pétrole il y a un an.
Industriels et coopératives justifient de leur côté cette dégringolade par une consommation atone et la "descente aux enfers" des cours mondiaux des produits industriels (beurre et poudre de lait).
Le prix du beurre en vrac s'élevait début 2009 à 2.150 euros la tonne, contre 4.200 euros en 2007. Pour la poudre de lait, les écarts sont à peu près identiques: 1.650 euros la tonne en 2009, contre 3.500 euros en 2007.
Les producteurs ne contestent pas cette conjoncture défavorable mais refusent d'en faire seuls les frais.
Les produits industriels représentent moins de 30% des débouchés du lait français, fait valoir la FNPL, tandis que les produits de grande consommation constituent 50% du marché, un marché qui génère des marges et qui a enregistré des hausses de prix de 6 à 10%.
Autre motif d'exaspération: la politique des pouvoirs publics alors que se profile la libéralisation de la production laitière avec la fin programmée des quotas laitiers.
Ces dernières années, le prix du lait faisait l'objet d'une recommandation de l'interprofession, le Centre national interprofessionnel de l'économie laitière (Cniel) à laquelle ses différentes composantes -industriels, coopératives et producteurs- se pliaient.
Mais cette pratique a dû cesser après une injonction en mai 2008 de la Direction générale de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF) pour distorsion de concurrence.
Cette décision a fragilisé la filière. Elle est intervenue au plus mauvais moment quand les marchés de matières premières agricoles et énergétiques connaissaient une volatilité sans précédent.
A partir du 1er avril, l'interprofession devait proposer une nouvelle grille d'indicateurs et renvoyer les négociations au niveau régional. En vain. Et faute d'accord, les transformateurs ont fixé eux-mêmes les prix, procédant ainsi aux "ajustements" qu'ils réclamaient.
Dimanche soir sur BFM, le ministre de l'Agriculture a indiqué vouloir relancer "les négociations" entre producteurs et industriels afin de "trouver un prix équitable" dans "les prochains jours".