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Syrie : al-Nosra et ses alliés islamistes s'emparent d'une ville stratégique

Le régime syrien a perdu samedi le contrôle de la ville stratégique de Jisr al-Choughour, dans le nord-ouest du pays. La quasi totalité de la cité est tombée aux mains de la branche syrienne d'Al-Qaïda et de ses alliés islamistes.

Le régime syrien a subi samedi un revers important en perdant le contrôle de la ville-clé de Jisr al-Choughour, sur la route menant à la province de Lattaquié, le bastion alaouite du président Bachar al-Assad. Et ce, au profit de combattants du Front al-Nosra -la branche officielle syrienne d'Al-Qaïda - et de groupes rebelles islamistes.

Jisr al-Choughour, qui comptait quelque 45 000 habitants avant 2011 et le début de la crise syrienne, a une grande valeur stratégique car elle est tout près de la Turquie, pays favorable à la rébellion. Désormais, le territoire contrôlé par le régime est quasiment entièrement encerclé par les jihadistes de l'organisation de l’État islamique (EI) et du Front Al-Nosra allié aux rebelles.

Encerclement

La présence des forces loyalistes dans la province d'Idleb se limite maintenant à la ville de Ariha (25 km de Jisr al-Choughour) et ses localités voisines Al-Mastoumé et Qarlmid, où se trouvent d'importantes casernes de l'armée. "Elles sont encerclées et la route empruntée par les renforts du régime à partir de la côte est coupée", selon un militant cité par l'AFP.

Des photos sur un compte Twitter officiel d'al-Nosra montrent des combattants en treillis circulant dans la ville, se reposant ou priant ainsi que des drapeaux du mouvement sur des immeubles et des véhicules. Pour l'expert de la Syrie Charles Lister, cette victoire "permet à l'opposition d'ouvrir une route vers Lattaquié à partir d'Idleb et de Hama, ce qui peut favoriser grandement une future offensive sur Lattaquié et les fiefs du régime sur la côte comme Qardaha".

"Ceci ne doit pas être vu comme simplement une offensive sur Jisr al-Choughour, mais dans le cadre d'une stratégie beaucoup plus grande", précise-t-il.

Exécutions

De son côté, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a dénombré au moins 60 cadavres des forces du président Assad à Jisr al-Choughour. L'ONG basée à Londres a aussi rapporté l'exécution d'au moins 23 prisonniers détenus dans la ville par des soldats battant en retraite, tandis qu'Al-Nosra a publié sur internet des photos de 14 corps maculés de sang, affirmant qu'ils s'agissait d'un massacre perpétré par le régime.

Damas n’a pas commenté la chute de la ville, mais une source militaire syrienne, citée par l'agence officielle Sana, a pour sa part indiqué que "des unités de l'armée se sont redéployées avec succès dans les alentours de Jisr al-Choughour pour éviter des pertes parmi la population civile".

"Nos forces frappent les rassemblements de terroristes et leurs routes de ravitaillement dans Jisr al-Choughour", ajoute l'armée, reconnaissant implicitement la présence de rebelles dans la ville. L'OSDH a fait état pour sa part d'une trentaine de raids aériens du régime dans et autour de Jisr al-Choughour après la prise de la ville.

Avec AFP