Le procès du double attentat à Kampala, qui avait fait 76 morts en 2010, a été reporté sine die, au lendemain de l'assassinat de Joan Kagezi, procureure chargée du dossier. "Les juges vont se réunir avec le Parquet et fixer une date" de reprise de l'audience, a déclaré le porte-parole adjoint de la magistrature, Araali Muhiirwa, assurant que les débats reprendraient "bientôt".

Mardi 31 mars, à la reprise prévue de l'audience du procès qui s'est ouvert le 17 mars, seuls les avocats de la défense, visiblement très émus, étaient présents dans la salle du tribunal de Kampala. Les 13 accusés - sept Kenyans, cinq Ougandais et un Tanzanien - n'ont pas été amenés dans le box. Ils sont inculpés d'actes de terrorisme et meurtres.

Pas d’arrestation mais des pistes

La police a indiqué n'avoir pour l'heure arrêté aucun suspect et ne privilégier aucune piste dans l'assassinat de Joan Kagezi, directrice adjointe du ministère public ougandais et à ce titre numéro 2 du parquet ougandais, qui dirigeait les poursuites dans de nombreuses affaires criminelles d'importance.

Cet assassinat "pourrait être lié aux accusés des attentats de 2010, mais aussi à d'autres suspects inculpés par le tribunal plus récemment [dans d'autres affaires]. On ne peut pas l'établir dans l'immédiat", a déclaré le porte-parole de la police, Fred Enanga.

"Nous n'avons encore procédé à aucune arrestation, bien que nous ayons des pistes. [...] Nous avons ratissé toute la banlieue concernée de Kampala la nuit dernière et nous allons continuer plus loin en dehors" de la capitale, a-t-il poursuivi.

Selon la police, des tueurs à moto ont tiré lundi sur Joan Kagezi, qui rentrait chez elle en voiture avec trois de ses enfants, dans la banlieue de Kampala, alors qu'elle s'était arrêtée pour acheter des fruits sur le bord de la route.

Première action d'envergure des Shebab

Le 11 juillet 2010 à Kampala, deux kamikazes avaient déclenché leur ceinture d'explosifs, l'un dans un restaurant éthiopien, l'autre dans le bar d'un club de rugby, alors que les deux établissements retransmettaient la finale de la Coupe du monde de football.

Le double attentat, qui avait fait 76 morts et plus de 80 blessés, était alors la première action d'envergure des Shebab - qui ont depuis prêté allégeance à Al-Qaïda - hors des frontières somaliennes. Ils ont depuis récidivé à plusieurs reprises, essentiellement au Kenya voisin, où ils ont revendiqué la tuerie au centre commercial Westgate en septembre 2013.

Avec AFP