Les négociations sur le nucléaire iranien sont entrées dimanche dans leur dernière phase permettant d’envisager un compromis avant la date butoir du 31 mars. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, dénonce "un dangereux accord".
Les négociations internationales sur le nucléaire iranien se poursuivaient dimanche 29 mars à Lausanne (Suisse) entre les chefs de la diplomatie du groupe P5 + 1 (États-Unis, Grande-Bretagne, Russie, France, Chine et Allemagne). Alors que la possibilité d’un compromis semble sur le point de se concrétiser, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a dénoncé avec virulence "un dangereux accord", qui permettrait à l'Iran de "conquérir" le Moyen-Orient.
Signe de l'intensité des discussions et de la volonté de parvenir à une entente, les chefs de la diplomatie américaine, française et allemande ont bousculé leur agenda pour prolonger leur séjour en Suisse. Le secrétaire d'État américain John Kerry a ainsi annulé une visite à Boston prévue lundi, tandis que Laurent Fabius et son homologue allemand Frank Walter Steinmeier ont renoncé à un déplacement commun au Kazakhstan.
"Un accord apaiserait les tensions dans la région"
Les négociateurs travaillent d'arrache-pied pour résoudre les derniers points qui bloquent la possibilité d'annoncer un compromis avant la date butoir du 31 mars.
Le chef de la diplomatie allemande Frank Walter Steinmeier a déclaré à la correspondante de France 24 à Lausanne, Sanam Shantyaei, que les discussions sur le nucléaire iranien avaient plus avancé "au cours des douze derniers mois que jamais auparavant".
Il a ajouté que le groupe P5+1 espérait aboutir à une résolution "dans les prochaines heures ou les prochains jours, grâce à des discussions plus intenses".
Interrogé sur l'impact que pourraient avoir les violences aux Yémen sur les négociations, le ministre allemand des Affaires étrangères a prévenu que le "Yémen n'[aurait] pas d'impact négatif sur les discussions", ajoutant tout de même qu'un accord avec l'Iran apaiserait les tensions dans la région.
Mais depuis Jérusalem, Benjamin Netanyahou, farouchement opposé à tout compromis avec l'Iran, a lancé une violente charge contre "un dangereux accord" qui permettrait à l'Iran de "conquérir" le Moyen-Orient.
Le Premier ministre israélien a dénoncé "l'axe Iran-Lausanne-Yémen, qui est très dangereux pour toute l'humanité et qui doit être stoppé", et affirmé que "sur l'axe Beyrouth-Damas-Bagdad, l'Iran agit pour conquérir tout le Moyen-Orient".
Épilogue d’un feuilleton à rallonge
En cause : le soutien apporté par l’Iran au régime de Bagdad, de Damas et aux rebelles Houthis qui contrôlent désormais une partie du Yémen et qui ont forcé le président yéménite à fuir le pays.
À l'exception du russe Sergueï Lavrov et du britannique Philip Hammond, attendus plus tard dans la journée, tous les chefs de la diplomatie du groupe P5 + 1 étaient sur place dimanche pour l'épilogue de ce feuilleton à rallonge.
La communauté internationale veut s'assurer que l'Iran ne cherchera pas à se doter de la bombe atomique, en échange d'une levée des sanctions qui asphyxient l'économie de ce pays. La levée des sanctions justement, ainsi que la question de la recherche et du développement dans le domaine nucléaire sont les deux principaux sujets qui posent encore problème, selon des diplomates iraniens et occidentaux.
Téhéran demande la levée totale des sanctions internationales, particulièrement les mesures décidées par l'ONU, alors que pour les pays occidentaux, cela ne peut se faire que graduellement.
La date fixée pour un accord final, incluant toutes les annexes techniques de ce dossier extrêmement complexe, est fixée au 30 juin, mais la fin mars est une "étape très importante" pour permettre aux négociations de se poursuivre, reconnaissent plusieurs diplomates.
Avec AFP