Des cas de cancers rares en France sont liés à des implants mammaires, a affirmé mardi un rapport d'experts. La ministre de la Santé a déclaré que les femmes porteuses de prothèses n'avaient pourtant pas besoin de se les faire retirer.
Les implants mammaires seraient-ils cancérigènes ? De nouveaux cas de cancers rares ont été dépistés en France chez des femmes porteuses de prothèses, indique mardi 17 mars un document de l'Institut national du cancer (INCa), dévoilé par le quotidien "Le Parisien".
Cet "avis d'experts" comptabilise pour la France 18 cas depuis 2011 de ces cancers rares, des lymphomes anaplasiques à grandes cellules associés à un implant mammaire (LAGC-AIM). "Il existe un lien clairement établi entre la survenue de cette pathologie et le port d'un implant mammaire", expliquent ces experts dans leur rapport. Un lien déjà connu : en novembre 2011, la découverte d'un tel cancer chez une femme porteuse d'une prothèse de marque PIP avait déclenché l'alerte sanitaire visant ce fabricant du sud-est de la France.
Peu alarmistes, les experts ajoutent par ailleurs que "la fréquence de cette complication est cependant très faible". Sur la base du nombre de LAGC diagnostiqués jusqu'à présent en France, ils évaluent avec prudence "qu'une à deux femmes pour 10 000 porteuses d'implant(s) mammaire(s) pendant 10 ans présenteraient" ce type de lymphomes, mais "sous réserve de la validité des hypothèses encore difficile à apprécier à ce stade". Aucun retrait "préventif" des implants n’a en outre été préconisé.
Marisol Touraine met en garde contre "une inquiétude excessive"
Réagissant à ce rapport, la ministre de la Santé Marisol Touraine a cependant convoqué, mardi matin, une conférence de presse "sur la surveillance des femmes porteuses d'implants mammaires en France". "Il n'est pas recommandé aux femmes porteuses de prothèses mammaires de se les faire retirer", a-t-elle alors déclaré, soulignant que celles-ci ne devaient "pas céder à une inquiétude excessive".
Le nombre de femmes porteuses d'implants mammaire - dont 83 % auraient des visées esthétiques - serait estimé à 400 000 en France, selon "Le Parisien", mais il reste "difficile de déterminer ce nombre", selon les experts de l'INCa.
"Nous sommes particulièrement vigilants sur le suivi de l'affaire des prothèses mammaires, car c'est la santé des femmes qui est en jeu", a pour sa part déclaré au "Parisien", François Hébert, directeur général adjoint de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
D'après lui, "il y a eu un premier cas (de ce cancer) en 2011, deux en 2012, quatre en 2013 et onze en 2014. Une personne est décédée". "Dans un premier temps, il a été décidé que les femmes qui se font poser des implants mammaires doivent être obligatoirement averties de ce nouveau risque, même s'il est faible", a-t-il ajouté, précisant que "des lettres d'information et de mise en garde ont été envoyées aux professionnels de santé".
Une réunion d'experts est en outre prévue fin mars. "S'il faut prendre des mesures, si on doit les interdire, nous le ferons", a annoncé François Hébert.
Avec AFP