Benoît XVI a célébré une grande messe en plein air à Nazareth, dans le nord d'Israël, où le Christ aurait passé son enfance. Le souverain pontife s'est ensuite entretenu, en privé, avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou.
AFP - Le pape Benoît XVI a appelé jeudi au rejet de "la haine et des préjugés" et à une coexistence paisible entre musulmans et chrétiens à Nazareth, lors de la plus grande messe de son pèlerinage en Terre sainte, dans cette ville de Galilée.
Le souverain pontife s'est également entretenu à Nazareth avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Aucune information n'a été communiquée sur la teneur de cet entretien qui a duré une dizaine de minutes.
La messe, en présence d'au moins 40.000 fidèles, a été célébrée au Mont du Précipice, où selon les Evangiles, une foule mécontente des prêches du Christ tenta de le jeter dans le vide.
Nazareth, où Jésus a passé sa jeunesse selon les Evangiles, est la plus grande ville arabe d'Israël avec 60.000 habitants, dont 30% de chrétiens.
Arrivé en papamobile, le chef de l'Eglise catholique a été accueilli aux cris de "viva il papa".
Les fidèles, notamment des Arabes israéliens mais aussi de nombreux pèlerins étrangers, agitaient des drapeaux de plusieurs pays et du Vatican.
Très souriant, le pape a béni de la main la foule des croyants. Vêtu d'une chasuble et coiffé d'une mitre dorée qu'il a ensuite ôtée, Benoît XVI, s'appuyant sur une crosse, a pris place sur l'estrade spécialement aménagée sous un chapiteau ouvert.
"Que chacun rejette le pouvoir destructeur de la haine et des préjugés, qui porte la mort dans l'âme des personnes avant de tuer les corps !", a lancé Benoît XVI.
"Ces dernières années, Nazareth a malheureusement connu des tensions, dont le monde entier a eu l'écho, et qui ont nui aux relations entre les communautés chrétienne et musulmane", a-t-il ajouté.
Il a "invité les personnes de bonne volonté des deux communautés à remédier aux dommages qui ont été causés" et "de travailler à construire des ponts et de trouver les moyens de vivre paisiblement ensemble".
Le projet d'édifier une mosquée en contrebas du parvis de la basilique de l'Annonciation, haut lieu de la chrétienté à Nazareth, avait mis en émoi le monde chrétien et le Vatican en 1999 et suscité des tensions dans la ville.
Les fondations de la mosquée avaient finalement été détruites en 2003 sur ordre d'un tribunal israélien. Le gouvernement israélien avait décidé d'arrêter la construction en 2002, après avoir dans un premier temps donné son feu vert au projet.
Des responsables religieux musulmans locaux attendent en outre du pape qu'il s'excuse pour ses propos de 2006 où il avait semblé assimiler islam et violence.
Une mer de drapeaux, y compris du Liban et d'Israël, ondulait au dessus de la foule constituée de pèlerins venus notamment d'Italie, d'Espagne, de Grande-Bretagne, d'Australie, d'Inde.
"Voir notre pape, c'est comme un rêve", s'exclame Moses Denorio, un Philippin qui vit en Israël. "C'est tellement extraordinaire de le voir, même de loin. C'est une bénédiction pour nous et pour Nazareth".
Après la messe, le pape a visité la Basilique de l'Annonciation érigée sur le lieu où, selon la tradition chrétienne, l'archange Gabriel a annoncé à Marie alors enceinte la prochaine naissance de Jésus.
Lors d'une rencontre avec des chefs religieux dans la Basilique, il a appelé toutes les religions à "protéger les enfants contre le fanatisme".
A la veille de sa rencontre avec le Premier ministre israélien, le pape avait plaidé à Bethléem, en Cisjordanie, pour la création d'un Etat palestinien souverain, auquel le gouvernement de droite de M. Netanyahu est opposé.
Israël, invoquant des considérations sécuritaires, a par ailleurs opposé une fin de non-recevoir à une demande du Vatican d'accorder des visas multi-entrées à quelque 500 prêtres de pays arabes désirant se rendre dans l'Etat hébreu.
Cette libre circulation des chrétiens "est clairement un des points de la longue discussion que le Vatican et Israël mènent dans la commission bilatérale", a déclaré à Nazareth le père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican.