
La polémique Sacchi enfle en Italie, 48 heures après que l’ancien entraîneur du Milan AC a proféré des propos racistes à l’encontre des jeunes footballeurs italiens noirs. Dernier dérapage en date, celui de Carlo Ancelotti, le coach du Real Madrid.
"Salut Arrigo, beaucoup d'ennemis, autant d'honneur. Je t'embrasse." Ces propos, tenus mercredi 18 février par l'entraîneur du Real Madrid Carlo Ancelotti sur la chaîne italienne Mediaset, dans la foulée de la victoire de ses joueurs face à Schalke 04, ont ravivé la polémique qui touche le football italien depuis 48 heures.
Ancelotti, dans son intervention télévisée, affiche un soutien inconditionnel à son ancien mentor Arrigo Sacchi, ex-entraîneur du Milan AC, qui fait l’objet de vives critiques depuis qu’il a affirmé qu’au "tournoi de Viareggio (un tournoi emblématique de jeunes footballeurs, NDLR) , [il y avait] beaucoup trop de joueurs de couleur, tout comme dans les équipes des moins de 20 ans en Italie".
Ancelotti dérape et cite une maxime mussolinienne
Après cette sortie, le président de la Fifa Sepp Blatter, mais aussi l’UEFA et le secrétaire d’État italien chargé des Sports se sont joints à de nombreuses personnalités du football pour condamner les propos racistes de Sacchi. D’autres, de manière plus surprenante, ont pris la défense du double-vainqueur de la Ligue des Champions avec le Milan AC (1989, 1990), à l’image de Carlo Ancelotti. Et, plus que leur position en tant que telle, ce sont les arguments proférés qui ont surpris, voire choqué.
Car Ancelotti, en direct sur Mediaset, n’a pas fait que manifester son soutien à Sacchi. Il a surtout repris sans sourciller l’une des maximes les plus célèbres de l’Italie fasciste des années 30 : "Molti nemici, molto onore" ("beaucoup d'ennemis, autant d'honneur").
Capello alimente lui aussi la polémique
Moins frontale mais tout aussi tendancieuse, la sortie d’un autre technicien italien renommé, Fabio Capello, n’a pas non plus manqué d’alimenter la polémique : "Sacchi n'est pas raciste, et son discours ne se réfère absolument pas à la couleur de peau. Ce qu'il dit n'a rien à voir avec du racisme. Il y a seulement la nécessité de retrouver une identité italienne dans nos équipes : c'est une question d'identité, pas de couleur de peau."
"Nous avons des joueurs noirs qui sont italiens mais [Sacchi] faisait référence aux équipes de jeunes qui possèdent huit ou neuf joueurs étrangers", a-t-il expliqué pour défendre son collègue sur les ondes de la radio espagnole Onda Cero.
Le sélectionneur de la Russie, plus nuancé que Sacchi, alimente toutefois une polémique qui peine à désenfler depuis deux jours. Et son passif dans le domaine ne plaide pas en la faveur d’une interprétation modérée de ses propos. En 2007, à son départ du Real Madrid, Capello s'était distingué en dessinant un portrait de l'Espagne plus qu’inattendu : "La chaleur et la créativité latines encadrées par un ordre rigoureux. Un ordre hérité de Franco."
Un problème de fond
Si les individus sont clairement mis en cause dans cette polémique, c’est tout le football italien qui est frappé par une nouvelle affaire liée au racisme. La dernière en date, déjà, avait jeté le discrédit sur les instances italiennes.
En juillet 2014, Carlo Tavecchio, le vice président de la Fédération italienne, alors en lice pour reprendre la présidence, avait été épinglé après une sortie particulièrement remarquée. "Opti Poba est arrivé ici et avant, il mangeait des bananes… Aujourd'hui, il joue titulaire à la Lazio", avait-il déclaré lors de son discours de candidature.
Des propos qui avaient été unanimement condamnés par les responsables politiques, et qui tombaient deux mois tout juste après des jets de bananes par des supporters italiens à l'endroit du Franco-Guinéen du Milan AC Kevin Constant. Et Tavecchio, depuis, a été élu président de la Fédération italienne de football, avec plus de 60 % des suffrages.