
Le Premier ministre Manuel Valls a affirmé, lundi sur les ondes d'Europe 1, qu’il fallait combattre "le discours des Frères musulmans dans notre pays". Des propos qui mettent particulièrement en cause l'Union des organisations islamiques de France.
C'est un fait rare en France. Le Premier ministre Manuel Valls est parti en lutte, lundi 9 février, contre la confrérie des Frères musulmans. "Il faut combattre le discours des Frères musulmans dans notre pays. Il faut combattre les groupes salafistes dans les quartiers", a-t-il martelé, sur les ondes d’Europe 1.
"Nous devons aider les musulmans qui ne supportent pas d'être confondus avec ces discours. Pas uniquement avec les jihadistes, pas seulement avec des terroristes, mais avec l'intégrisme, le conservatisme, le radicalisme", a souligné le chef du gouvernement. "Une religion ne peut pas imposer son discours dans nos quartiers."
Interrogé sur les moyens de les combattre, Manuel Valls a répondu : "Par la loi, par la police, par les services de renseignement. Beaucoup de choses sont faites".
Peu critiquée de manière frontale en France, la confrérie des Frères musulmans, née en Égypte, défend un islam à la fois réformiste et plutôt conservateur, engagé dans le champ social et politique. Dans l’Hexagone, la sensibilité "frériste" est principalement représentée par l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), considérée par les Émirats arabes unis comme "organisation terroriste".
L'UOIF dans le viseur
Ce tacle de Manuel Valls s’adresse donc indirectement à l’UOIF, dont se revendiquent quelque 250 associations et des personnalités diverses, parmi lesquelles l'imam libéral de Bordeaux Tareq Oubrou. L’Union contrôle par ailleurs le premier lycée musulman - Averroès, à Lille - sous contrat d'association avec l'État. Cet établissement vient de répondre par une plainte en diffamation aux propos d'un enseignant démissionnaire l'accusant de diffuser en sous-main une idéologie "islamiste".
Réagissant aux propos du Premier ministre, le président de l'UOIF, Amar Lasfar, a dénoncé une mise à l’écart. "Bien sûr, on ne peut pas tendre la main aux terroristes. Mais si le politique refuse de traiter avec les Frères musulmans, les salafistes, les wahhabites, que sais-je, qui y aura-t-il comme partenaire ? Les non-pratiquants ?", a-t-il interrogé.
L'UOIF organise en outre chaque année au Bourget (Seine-Saint-Denis) le plus grand rassemblement musulman du monde occidental avec plus de 100 000 visiteurs. La liste des invités lors de cet évènement est étroitement surveillée par les autorités. Sa 32e édition aura lieu du 3 au 6 avril.
Avec AFP