logo

Crise ukrainienne : Hollande et Merkel quittent Moscou sans résultat concret

Après cinq heures de discussions "constructives", François Hollande, Angela Merkel et Vladimir Poutine se sont quittés sans promesse de cessez-le-feu en Ukraine. Les trois dirigeants ont convenu de mettre en œuvre un plan de paix.

Après cinq heures de discussions "substantielles et constructives" avec Vladimir Poutine, François Hollande et Angela Merkel ont quitté Moscou vendredi 6 février au soir sans promesse de cessez-le-feu dans l'est de l'Ukraine. Mais le travail va se poursuivre pour tenter de mettre en œuvre un plan de paix.

Le président français et la chancelière allemande, qui avaient rencontré la veille à Kiev le président ukrainien Petro Porochenko, tentent de relancer le Protocole adopté à Minsk en septembre mais resté lettre morte depuis. Les quatre dirigeants, qui se sont rencontrés pour la première fois le 6 juin dernier en Normandie, auront une conférence téléphonique ce dimanche.

"En ce moment, un travail est en cours pour préparer le texte d'un éventuel document conjoint sur la mise en œuvre des accords de Minsk, un document qui mentionnerait les propositions faites par le président ukrainien et celles formulées et ajoutées aujourd'hui par le président Poutine", a rapporté le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Ses propos ont été confirmés par Steffen Seibert, le porte-parole du gouvernement allemand.

Dans l'entourage de François Hollande, on faisait également état vendredi soir de discussions "substantielles et constructives" : "sur la base de leurs propositions, ils [le président et la Chancelière] travaillent à un texte commun pour incorporer les propositions de Porochenko et de Poutine. Le travail continue à Moscou avec des membres de chaque délégation qui vont rester sur place à Moscou". Et d’ajouter : "un point sera fait, une restitution, dimanche lors d'un appel téléphonique à quatre".

"Aller chercher un accord"

Engagés depuis juin dans un processus de facilitation dans la crise ukrainienne, François Hollande et Angela Merkel, qui n'ont fait aucune déclaration vendredi soir avant de quitter Moscou, ont décidé ce double déplacement à l'heure où le conflit qui a fait plus de 5 000 morts depuis avril menace de se transformer en "guerre totale".

Cette relance de la diplomatie survient aussi en plein débat sur d'éventuelles livraisons d'armes aux forces ukrainiennes, auxquelles Paris et Berlin sont opposés mais sur lesquelles Washington n'a pas encore arrêté de décision.

À Munich, où se tient une conférence annuelle sur la sécurité, le général américain Philip Breedlove, commandant suprême des forces de l'Otan en Europe, a laissé entendre qu'il était favorable à la livraison d'armes à Kiev. Les Occidentaux, a-t-il dit, doivent se servir de "tous les outils de la boîte à outils".

Avant son départ pour Moscou, François Hollande expliquait vendredi matin l'objectif double de la démarche franco-allemande : trouver un accord et préciser les efforts qui seront attendus des uns et des autres. À défaut, ajoutait-il, il faudra dire qui portera la responsabilité d'un échec. "Chacun est conscient que le premier pas doit être le cessez-le-feu mais qu'il ne peut pas suffire et qu'il faut aller
chercher un règlement global", a-t-il précisé.

it
Crise ukrainienne : Hollande et Merkel quittent Moscou sans résultat concret

À Paris, l'ambassadeur de Russie, Alexandre Orlov, a jugé utile cette relance diplomatique. "Si rien n'est fait, on peut entrer dans un engrenage qui a déjà conduit le monde à la Seconde Guerre mondiale"", a-t-il dit sur France 24.

Les pays occidentaux accusent Poutine de financer, armer et épauler militairement les séparatistes, qui ont enregistré d'importants gains territoriaux à la faveur de l'offensive lancée le mois dernier.

A Kiev, l'urgence a été soulignée une nouvelle fois par le Premier ministre, Arseni Iatseniouk, qui a réclamé sans détours une aide militaire. "La paix en Europe dépend de la paix en Ukraine, et pour que nous parvenions à cette pais, l'Ukraine doit avoir les moyens de se défendre", a-t-il dit.

Avec Reuters