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À l'heure où l'armée et les Taliban livrent d'âpres combats dans le nord-ouest du Pakistan, quelque 500 000 civils ont commencé à fuir la zone de conflit. Au grand dam des ONG qui craignent un drame humanitaire sans précédent.

Le Pakistan est en train de vivre l'une des plus graves crises humanitaires de son histoire. Près d'un demi-million de civils ont déjà fui les combats qui opposent l'armée et les Taliban dans le nord-ouest du pays. Et ce n'est sans doute pas fini. Si certains déplacés ont pu trouver refuge chez des proches, beaucoup ont échoué dans des camps, notamment autour de la ville de Mardan, à 40 km de Peshawar.


Logés dans des tentes, par 40 degrés, ces réfugiés ne disposent ni d’eau courante ni d’électricité. Car face à l’afflux, les ONG ont du mal à faire face. "Le gouvernement aurait dû nous laisser plus de temps pour préparer l’accueil des déplacés. Nous manquons de médecins et de médicaments", confie l’employée d’une organisation qui travaille dans le camp de Jalala, près de Mardan.


"Nous manquons de couvertures, d’instruments de cuisine, et il n’y a pas d’école pour les enfants, confirme Gulab Saher, un boucher de Mingora qui a fui la vallée de Swat avec toute sa famille. Il y a tellement de monde ici qu’il faut faire la queue pendant des heures pour obtenir quelque chose."


Autre problème : le manque d'hygiène. A en croire les ONG sur place, de plus en plus de personnes souffrent de maux d'estomac et d'infection de la peau. Sans parler des dépressions nerveuses provoquées par la violence des combats. Le récit des déplacés est d’ailleurs le même : l'armée a commencé à bombarder leur quartier avec des hélicoptères de combat. Profitant de la levée temporaire du couvre-feu, les habitants de Swat ont ensuite rassemblé leurs affaires et fui la zone de conflit à pied ou en s'entassant dans des voitures et des camions.


Les combats continuent


Dimanche, les militaires ont ordonné aux habitants d'évacuer la vallée de Swat et ont levé le couvre-feu pendant neuf heures, jetant sur les routes au moins 100 000 déplacés. Une injonction qui laisse penser que l'armée prépare une opération militaire de grande envergure contre les insurgés qui se seraient retranchés dans les maisons abandonnées de Mingora. Pendant cette même journée de dimanche, l'état-major a annoncé avoir tué 52 combattants à Swat.


Les combats se poursuivent également dans la région voisine de Lower Dir, à la frontière afghane, ainsi que dans le district de Shangla, à l'est de Swat. Rehman Malik, le ministre pakistanais de l'Intérieur a déclaré, lundi, que les opérations militaires continueraient "jusqu'à ce tous les combattants soient éliminés", tout en affirmant que l'armée avait déjà tué 700 insurgés depuis le début des opérations. Un chiffre impossible à vérifier puisque la zone des combats est fermée aux journalistes.