Un élève de 8 ans a été entendu, mercredi, dans un commissariat de Nice pour des propos qu'il aurait tenus sur les auteurs de la tuerie de "Charlie Hebdo". L'avocat affirme qu'il est poursuivi pour apologie de terrorisme, ce que nie le commissaire.
Un élève d'une classe de CE2, âgé de 8 ans, a été entendu, mercredi 28 janvier, pendant 30 minutes dans un commissariat de Nice, dans le sud de la France. Le motif : il aurait proféré, dans l'enceinte de son école primaire, des propos radicaux de solidarité envers les auteurs de l'attentat sanglant contre "Charlie Hebdo" .
L'enfant a refusé d'observer une minute de silence et de participer à une ronde de solidarité dans son école primaire, au lendemain de l'attaque contre le journal satirique, a indiqué le directeur départemental de la sécurité publique, Marcel Authier. Selon son instituteur, il a aussi tenu des propos de "solidarité" avec les auteurs de l'attaque.
"Dans le contexte actuel, le directeur de l'école a décidé de signaler ce qui s'est passé à la police", précise le commissaire Authier, en notant qu'il ne s'agit aucunement d'une plainte.
L'avocat du jeune garçon, Me Sefen Guez Guez qui n'était pas joignable mercredi soir, a affirmé sur Twitter, sous le pseudonyme "S. Ibn Salah", que l’enfant est "poursuivi pour apologie d’acte de terrorisme. C’est écrit noir sur blanc sur le PV."
Précisons: l'enfant est poursuivi pour apologie d'acte de terrorisme. C'est écrit noir sur blanc sur le PV que j'ai signé. La police ment.
— S. Ibn Salah (@IbnSalah) 28 Janvier 2015"Hystérie collective"
"On a convoqué l'enfant et son père pour essayer de comprendre comment un garçon de 8 ans peut être amené à tenir des propos aussi radicaux", a expliqué Marcel Authier. L'enfant a été entendu pendant 30 minutes, puis a joué avec des jouets pendant l'audition de son père, civilement responsable.
"Visiblement, l'enfant ne comprend pas ce qu'il a dit. On ne sait pas où il est allé chercher ses propos", selon le directeur départemental de la sécurité publique.
Toujours sur Twitter, Me Sefen Guez Guez a rapporté que, durant son audition, l'enfant avait dit notamment ne pas connaître la signification du mot terrorisme.
L'enfant nie catégoriquement avoir dit à mort les français. Il reconnaît avoir dit je suis avec les terroristes.
— S. Ibn Salah (@IbnSalah) 28 Janvier 2015Interrogée par France Info, Fabienne Lewandowski, commissaire divisionnaire à Nice, à réaffirmé que dans le contexte actuel, la police se devait de creuser cette affaire. En revanche, elle regrette que "cela ait pris la forme d’une audition formelle".
Le "Collectif contre l'islamophobie en France" a pour sa part réagit en soulignant que "le père et son fils sont profondément choqués d'un tel traitement qui illustre l'hystérie collective dans laquelle la France est plongée depuis début janvier".
La classe politique partagée
Cette audition polémique a suscité des réactions à droite comme à gauche. Sur iTélé, Eric Ciotti, déclarait qu’il soutenait "l’action du directeur d’établissement, de l’enseignant qui ont eu les bonnes réactions". Le député UMP des Alpes-Maritimes pense qu’au vu de la teneur de ses propos, "l’enfant est en danger". "Il faut arrêter avec le monde des Bisounours", a-t-il insisté.
Thierry Mandon, également interrogé sur iTélé, dénonce une "paranoïa complète". Le secrétaire d’État à la Simplification estime que "M. Ciotti a tort de ne pas garder un certain nombre de principes de fonctionnement d’un État démocratique, qui tout en étant très vigilant, doit garantir les droits d’un individu. Un enfant de 8 ans franchement…"
Enfin, le président de l’Assemblée nationale Claude Bartolone s’est voulu plus nuancé : "Il faut faire attention quand un gamin de 8 ans tient ce genre de propos, qu’il y ait une forme de responsabilisation de la famille, ça me semble important" a-t-il déclaré sur BFMTV.
Avec AFP