Un Russe soupçonné de travailler pour les services secrets de Moscou a été arrêté lundi à New York. Membre d'un réseau, l'homme, aidé de deux complices, aurait été chargé de collecter des données économiques et de recruter des Américains.
Le dernier coup de filet des services secrets américains ne devrait pas réchauffer les relations entre Washington et Moscou. Le FBI a annoncé lundi 27 janvier avoir arrêté un "espion russe" à New York, dans l'arrondissement du Bronx. L’homme est soupçonné par la police fédérale américaine d’être le membre d'un réseau essayant de collecter des données économiques et de recruter des Américains.
Evgeni Bouriakov, alias "Zhenya", 39 ans, se faisait passer pour un employé de banque russe, selon le ministère américain de la justice. La même source avance que l'informateur agissait avec deux complices, Igor Sporichev, 27 ans, et Victor Podobni, 40 ans, qui ont quitté les États-Unis, protégés par une immunité diplomatique.
Selon les autorités américaines, le premier acolyte était représentant commercial de la Fédération de Russie à New York de novembre 2010 à novembre 2014, le deuxième, attaché à la mission permanente de la Fédération de Russie aux Nations unies de décembre 2012 à septembre 2013. Les trois hommes travaillaient de fait pour le SVR, le service des renseignements extérieurs de la Russie, selon les autorités américaines.
Renseignements sur des sanctions américaines
Parmi les sujets sur lesquels les trois hommes auraient travaillé, figurent de potentielles sanctions américaines contre des banques russes, et les efforts des États-Unis pour développer des sources d'énergie alternative, toujours selon le ministère de la Justice.
Bouriakov était surveillé depuis plusieurs années par les services américains. Entre mars 2012 et septembre 2014, le FBI aurait observé des dizaines de brèves rencontres à l'extérieur durant lesquelles Bouriakov passait un sac, un magazine ou des feuilles de papier à Sporichev. Selon les procureurs, les complices auraient aussi été enregistrés à de nombreuses reprises discutant de leurs efforts pour recruter des Américains dans des grandes entreprises et une université new-yorkaise.
Deux chefs d'accusation ont été retenus contre les trois hommes. Le premier les accuse de participation dans un complot pour que Bouriakov opère comme agent d'un gouvernement étranger aux États-Unis, sans en notifier le ministère de la Justice, un délit passible de cinq ans de prison.
Le deuxième accuse Bouriakov d'avoir agi aux États-Unis en tant qu'agent d'un gouvernement étranger sans en notifier le ministre de la Justice (l'Attorney general), et accuse Sporichev et Podobni de l'avoir aidé et encouragé. Ce chef d'accusation est passible d'une peine maximale de dix ans de prison.
"Campagne anti-russe"
Moscou a dénoncé mardi l'arrestation, critiquant une "campagne anti-russe" menée par les États-Unis, selon les mots du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Alexandre Loukachevitch. Ce dernier a également enjoint les services secrets américains à "mettre fin aux provocations".
Cette arrestation n’est pas la première du genre. En 2010, les États-Unis avaient arrêté dix supposés agents dormants, dont Anna Chapman, une jeune femme d'affaires russe surnommée la "nouvelle Mata Hari" à New York. Elle avait plaidé coupable et été renvoyée en Russie dans le cadre d'un échange de prisonniers.
Cette traque intervient dans un contexte de relations déjà tendues entre les États-Unis et la Russie, réduites à un niveau sans précédent depuis la Guerre froide, notamment depuis les crises syrienne et ukrainienne, mais aussi sur les questions des droits de l'Homme et de l'asile accordé par Moscou à l'ex-consultant de l'Agence de sécurité américaine (NSA) Edward Snowden.
Avec AFP