
L'exécution en Indonésie, dimanche, de six condamnés pour trafic de drogues, dont cinq ressortissants étrangers, a créé des tensions diplomatiques entre l'archipel et le Brésil, les Pays-Bas, le Vietnam, le Malawi et le Nigeria.
Une tempête diplomatique se lève contre l'Indonésie, où six condamnés à mort, dont cinq ressortissants étrangers, ont été exécutés, dimanche 18 janvier, pour trafic de drogue. La législation de l'archipel en la matière est l'une des plus sévères au monde.
Ces exécutions sont les premières depuis l'arrivée au pouvoir du président Joko Widodo fin octobre. Les condamnés à mort étaient originaires du Brésil, des Pays-Bas, du Vietnam, du Malawi et du Nigeria. L'Union européenne avait appelé Jakarta à renoncer à ces exécutions, que le Brésil et les Pays-Bas ont immédiatement condamnées. Leur réaction ne s'est d'ailleurs pas faite attendre : les deux pays ont rappelé leur ambassadeur.
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La présidente brésilienne Dilma Rousseff s'est en outre déclarée "angoissée et indignée" que l'Indonésie ait ignoré ses appels répétés à la clémence, en exécutant Marco Archer Cardoso Moreira, a rapporté un porte-parole. "L'application de la peine de mort, qui est de plus en plus rejetée par la communauté internationale, affecte gravement les relations entre nos pays", a-t-il ajouté.
De son côté, le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Bert Koenders, a réagi en qualifiant les exécutions des six condamnés de "terriblement tristes". "Je suis de tout cœur avec leurs familles", a-t-il ajouté, expliquant que le gouvernement avait tout fait pour que cette affaire trouve une issue plus heureuse.
Demandes de grâce rejetées par le président Joko Widodo
Le chef de l'État avait rapidement douché les espoirs des associations de défense des droits de l'Homme qui espéraient que ce président à la réputation réformiste ferait preuve de clémence en la matière. Mais il a affirmé sans équivoque qu'il n'y aurait aucune possibilité de grâce pour les condamnés à mort dans des affaires de drogue.
Pour le président Widodo, surnommé Jokowi en Indonésie, la peine de mort est justifiée par le fait que le pays est en "état d'urgence" en raison de la drogue. D'après les autorités, jusqu'à 50 jeunes Indonésiens meurent chaque jour pour avoir consommé de la drogue et le pays compte environ 4,5 millions de toxicomanes sur 250 millions d'habitants.
Les six détenus avaient été condamnés à mort entre 2000 et 2011 pour contrebande de drogue, à l'exception du Néerlandais de 62 ans, qui avait été reconnu coupable d'avoir orchestré la production d'ecstasy à grande échelle dans une gigantesque usine. Tous avaient formulé une demande de grâce, rejetée par le président Joko Widodo.
Une vingtaine de détenus, dont un Français, en attente d’exécution
Selon les autorités, une vingtaine de détenus au total sont en attente d'exécution, dont une grand-mère britannique de 56 ans, arrêtée en 2013 à Bali avec près de cinq kilos de cocaïne. Un Français attend le résultat d'un recours introduit contre sa sentence de mort.
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La France a fait part vendredi de sa "préoccupation" quant au sort de son ressortissant Serge Atlaoui, condamné en 2007 à la peine capitale pour avoir travaillé dans un laboratoire clandestin de production d'ecstasy, près de Jakarta. "La France ne souhaite pas que la peine capitale soit utilisée", a déclaré le ministre français des Finances, Michel Sapin, en visite à Jakarta.
Rupert Abbott, directeur de recherches pour Amnesty International pour l'Asie du Sud-Est et le Pacifique, a regretté "un acte gravement régressif". "Le nouveau gouvernement est arrivé au pouvoir en promettant de faire des droits de l'Homme une priorité, mais l'exécution de ces six personnes viole ces engagements", a-t-il dit.
Avec AFP