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La session hebdomadaire de flagellation de Raif Badawi, blogueur saoudien condamné notamment à 1 000 coups de fouet pour "insulte à l’islam", a été reportée "pour raisons de santé". Selon la BBC, son dossier a été transmis à la Cour suprême.

L’ombre de la "clémence" est-elle en train de se profiler en Arabie saoudite ? Le Royaume wahhabite a annoncé, vendredi 16 janvier, qu’il reportait la session hebdomadaire de coups de fouet de Raif Badawi, "pour raisons médicales". Le blogueur et journaliste, qui a fêté mardi ses 31 ans en prison, est incarcéré depuis juin 2012 pour "insultes à l’islam" et apostasie.

Animateur du site Internet Liberal Saudi Network, où il invitait les internautes à débattre de divers sujets sociétaux, Raif Badawi a été condamné en novembre dernier à 10 ans de prison, 1 000 coups de fouet et 225 000 euros d’amende. Selon la BBC, l'affaire, très critiquée en Occident, a été transmise à la Cour suprême par le bureau du roi. Le blogueur espère désormais que la sentence n'ira pas à son terme.

Mais pour l'heure, l'application de sa peine a commencé vendredi 9 janvier par 50 coups de fouets donnés devant la mosquée Al-Jaffali de Jeddah, à l’ouest du pays, après la prière hebdomadaire. D’après l’AFP, les centaines de personnes, venues assister au spectacle barbare, n’ont soufflé mot pendant l’exécution de la sentence. Les forces de l’ordre ont interdit de prendre des photos.

"Il ne pourra pas résister à une nouvelle série de coups de fouet"

La peine doit ainsi être réitérée tous les vendredis, pendant 19 semaines. L’épouse de Raif Badawi, Ensaf Haidar, réfugiée au Canada avec leurs trois enfants, avait indiqué à Amnesty International qu’elle craignait que son mari ne puisse pas supporter physiquement une deuxième série de coups de fouet. "Raif m’a dit qu’il souffrait beaucoup à la suite de sa flagellation, son état de santé n’est pas bon et je suis certaine qu’il ne pourra pas résister à une nouvelle série de coups de fouet", a-t-elle déclaré.

"J’ai annoncé la nouvelle à nos enfants la semaine dernière pour éviter qu’ils ne l’apprennent par des amis à l’école. Ils sont extrêmement choqués. La pression internationale est essentielle ; je suis convaincue que si nous maintenons notre soutien, il finira par payer. Nous devons continuer de nous battre", avait-elle poursuivi.

Large soutien international

L’appel d’Ensaf Haidar a été entendu et son mari bénéficie d’un large soutien international. De nombreux gouvernements ont condamné la flagellation de Raif Badawi et des centaines de manifestants ont protesté devant les ambassades d’Arabie saoudite de divers pays.

Le haut commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a exhorté jeudi le roi d'Arabie saoudite à accorder son pardon au  blogueur. "J'en appelle au roi à exercer son pouvoir pour arrêter la flagellation publique en pardonnant M. Badawi, et à examiner d'urgence ce type de sanction extrêmement sévère", a affirmé Zeid Ra'ad Al Hussein dans un communiqué.

Reporters sans frontières – qui lui a alloué le prix pour la liberté de la presse RSF - et TV5 Monde 2014 ont lancé une pétition demandant au roi d’Arabie saoudite, Abdallah ben Abdelaziz al-Saoud, de prononcer une grâce en faveur du blogueur. "Votre Altesse, ne pensez-vous pas que l’horreur de ce supplice est universelle ? C’est une peine ignoble et illégitime que vous devez empêcher",  dénonce-t-elle. Plus de 33 000 personnes ont déjà signé cette pétition.