L'usage de techniques d'interrogatoire "renforcées" par la CIA dans les années 2000 n'a pas permis de déjouer des menaces imminentes d'attentats, a conclu mardi un rapport du Sénat américain.
Coup dur pour l’agence du renseignement américaine. D’après un rapport très attendu du Sénat américain, publié mardi 9 décembre, les techniques renforcées d'interrogatoire de la CIA contre des détenus après le 11-Septembre "n'ont pas été efficaces" et ont été plus brutales que ce que l'agence d'espionnage avait reconnu jusqu'à présent.
"La CIA a employé ses techniques d'interrogatoire renforcées à répétition pendant des jours et des semaines", décrit le rapport. Les détenus ont été jetés contre les murs, dénudés, placés dans des bains glacés, empêchés de dormir pendant des périodes allant jusqu'à 180 heures. Le détenu Abou Zoubeida, après avoir subi des simulations de noyade à répétition, "avait de la mousse sortant de la bouche", quasi-inconscient.
Au total, 119 détenus ont été capturés et emprisonnés dans le cadre de ce programme secret de la CIA, dans des sites dits "noirs", dans d'autres pays. L'une de ces prisons secrètes est qualifiée de "dongeon".
Inefficacité
"À aucun moment les techniques d'interrogatoire renforcées de la CIA n'ont permis de recueillir des renseignements relatifs à des menaces imminentes, tels que des informations concernant d'hypothétiques 'bombes à retardement' dont beaucoup estimaient qu'elles justifiaient ces techniques", conclut le résumé du rapport.
La commission accuse la CIA d'avoir menti, non seulement au grand public mais aussi au Congrès et à la Maison Blanche, sur l'efficacité du programme, notamment en affirmant que ces techniques avaient permis de "sauver des vies".
Une assertion répétée mardi par la CIA, qui était préparée à la déclassification du rapport et en a rejeté immédiatement les conclusions.
Le directeur John Brennan a admis que l'agence avait commis des erreurs en utilisant la torture, mais insisté que cela avait permis d'empêcher d'autres attentats, et de "sauver des vies". Au Congrès, le rapport a été vivement rejeté par des chefs républicains comme une "réécriture d'événements historiques".
Le président Barack Obama a, lui, dénoncé des méthodes "contraires" aux valeurs des États-Unis. "Ces techniques ont fortement terni la réputation de l'Amérique dans le monde", a indiqué le locataire de la Maison Blanche dans un communiqué, promettant de tout faire pour que ces méthodes ne soient plus jamais utilisées. "Aucune nation n'est parfaite mais une des forces de l'Amérique est notre volonté d'affronter ouvertement notre passé", a-t-il ajouté.
Avec AFP