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Bavures policières : les manifestations se poursuivent aux États-Unis, l'une dégénère

Plusieurs manifestations se sont déroulées dans le calme, samedi, aux États-Unis, pour protester contre les bavures policières qui agitent le pays depuis plusieurs semaines, mais l'une d'elles a dégénéré en Californie.

Les manifestations, dénonçant depuis cet été les bavures policières visant des Noirs non armés, se sont poursuivies, samedi 7 décembre, aux États-Unis. Tandis qu'à New York était enterré un jeune père de famille noir tué "accidentellement" par un policier blanc, l'une des marches, en Californie, a dégénéré en violences et pillages.

À Berkeley, dans la banlieue de San Francisco, des petits groupes détachés de la manifestation principale se sont affrontés violemment avec la police et ont pillé des magasins.

"Certains ont commencé à lancer sur les policiers des briques, des tuyaux, des grenades fumigènes", a déclaré à l'AFP Jennifer Coats, porte-parole de la police, ajoutant que de nombreux policiers avaient été blessés.

De son côté, la police a fait usage de gaz lacrymogènes, alors que certains manifestants commençaient à briser des vitrines de magasins et les piller, a-t-elle ajouté, sans pouvoir préciser le nombre de victimes.

À New York, qui en était samedi à son quatrième jour de manifestations, la foule rassemblée dans l'après-midi malgré une pluie diluvienne scandait "Je ne peux pas respirer". Ce sont les derniers mots répétés par Eric Garner, ce père de famille noir âgé de 43 ans mort étouffé en juillet, lors d'une interpellation brutale par la police new-yorkaise. Une mort filmée et dont les images accablantes ont fait le tour du monde.

Un autre rassemblement a également eu lieu dans le quartier de Harlem, à l'appel de la figure de la lutte pour les droits civiques Al Sharpton et en présence du réalisateur Spike Lee.

"Lynchages des temps modernes"

Par ailleurs, samedi matin, une centaine de proches et de militants des droits civiques, ainsi que plusieurs responsables de la ville, s'étaient recueillis sur le cercueil d'Akai Gurley dans une église baptiste de l'arrondissement de Brooklyn.

Cet homme de 28 ans avait été tué par balles le 20 novembre "par accident" par un jeune policier blanc dans une cage d'escalier mal éclairée d'un logement social de Brooklyn.

"Akai était innocent, innocent, innocent", a martelé le militant Kevin Powell, qui a remercié la ville de New York et le maire Bill de Blasio pour avoir pris en charge le coût des obsèques. "Encore et encore, nous assistons à des lynchages des temps modernes. Akai Gurley n'en est que la dernière des victimes", a-t-il lancé, en appelant à l'inculpation du jeune policier.

Dans le cas de la mort d'Akai Gurley, la justice new-yorkaise a annoncé, vendredi 5 décembre, la convocation d'un grand jury pour décider si le policier, Peter Liang, devait être poursuivi devant les tribunaux ou non.

Le chef de la police de New York, Bill Bratton, avait souligné dès le lendemain de la mort de l'homme de 28 ans qu'il s'agissait d'un "coup de feu accidentel" et que la victime était totalement innocente.

Le "cancer du racisme" persiste aux États-Unis selon un représentant

De multiples affaires policières se superposent en effet depuis cet été et alimentent les appels à une réforme des méthodes policières, et du système pénal en général.

Manifestants et dirigeants des droits civiques accusent les policiers d'avoir trop souvent recours à une force excessive contre les Noirs, tout en étant rarement renvoyés devant la justice.

Un représentant de New York au Congrès, Charlie Rangel, a tonné que le "cancer du racisme" persistait aux États-Unis.

Les quatre soirées de manifestations consécutives à New York et dans d'autres grandes villes américaines ont été déclenchées par la décision, mercredi, d'un autre grand jury de ne pas poursuivre un policier blanc dans une autre affaire, celle de la mort d'Eric Garner en juillet sur l'île de Staten Island à New York.

Ces affaires s’ajoutent à celles de Michael Brown, 18 ans, tué à Ferguson (Missouri, centre) en août, et du jeune Tamer Rice, âgé de 12 ans, tué à Cleveland (Ohio, nord) fin novembre.

Avec AFP