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Violences policières : troisième nuit de manifestations aux États-Unis

Des manifestants ont de nouveau dénoncé, vendredi, à travers les États-Unis, les violences policières contre les minorités. À New York, un grand jury doit se prononcer sur le sort d'un policier blanc ayant causé la mort d'un homme noir de 28 ans.

Dans plusieurs grandes villes des États-Unis, la multiplication des bavures policières à l'encontre des Afro-Américains a provoqué de nouvelles manifestations, vendredi 5 décembre, pour la troisième nuit consécutive.

La colère ne retombe pas, alors qu'un grand jury a été constitué, à New York, afin de décider si le policier blanc ayant provoqué la mort d’Akai Gurley, un homme noir de 28 ans, à Brooklyn le 20 novembre, doit être poursuivi devant la justice ou non.

Akai Gurley avait été abattu dans la cage d'escalier mal éclairée d'un logement social de Brooklyn par Peter Liang, un policier débutant. Le chef des forces de l'ordre new-yorkaises avait souligné dès le lendemain qu'il s'agissait d'un "coup de feu accidentel" et que la victime était totalement innocente. Selon le "New York Post", Peter Liang avait envoyé un SMS à son syndicat et était resté injoignable pendant plusieurs minutes, alors que sa victime agonisait dans les escaliers. Le jeune père de famille était décédé à son arrivée à l'hôpital.

Après une cérémonie d'hommage à Akai Gurley vendredi dans l'après-midi à Brooklyn, des centaines de manifestants, scandant "le racisme tue", se sont rassemblés et ont bloqué la circulation à New York, malgré la pluie. Plusieurs personnes se sont allongées sur le sol, comme si elles étaient mortes. Une centaine d'autres ont en outre fait irruption dans un Apple Store de la Ve avenue où elles se sont livrées à un "die in" sous les yeux des clients et des employés avant de quitter les lieux dans le calme, cinq minutes plus tard. D'autres ont pénétré brièvement dans un grand magasin d'Herald Square et dans la gare de Grand Central en scandant "Black lives Matter !" - "La vie des Noirs compte". Dans les deux cas, la police a laissé faire les manifestants. Plusieurs ont en revanche été arrêtés peu avant minuit dans lower East Side de Manhattan. D'autres manifestations similaires ont notamment été organisées à Miami, Chicago, Boston et à La Nouvelle-Orléans.

"Lynchages modernes"

Ces mouvements de colère surviennent alors que les cas de bavures policières envers des Noirs non armés s'accumulent.

En juillet dernier, Eric Garner, un vendeur de cigarette à la sauvette de la communauté noire, âgé de 43 ans, a été abattu à Staten Island, dans l'État de New York. Le 3 décembre, un grand jury a décidé de ne pas poursuivre le policier.

À Ferguson, dans le Missouri, début août, des émeutes avaient éclaté après la mort du jeune Michael Brown, abattu par un policier blanc en pleine rue. Déjà, un grand jury avait décidé de ne pas l'envoyer devant les tribunaux, estimant que l'agent avait agi en état de légitime défense.

À Cleveland (Ohio), un policier débutant a également tué un jeune garçon de 12 ans qui jouait avec un pistolet factice fin novembre. Le ministre de la Justice Eric Holder a annoncé jeudi que les premières conclusions d'une enquête menée sur cette affaire étaient accablantes et que la police avait fait un usage "excessif" de la force.

Jeudi soir, encore, un policier blanc a abattu à bout portant un homme noir qu'il tentait d'interpeller à Phoenix (Arizona).

Ces affaires constituent "une série de lynchages modernes", selon Kevin Powell, président du groupe de défense de la communauté noire BK Nation, qui s'exprimait, vendredi aux côtés des parents du défunt Akai Gurley.

"Nous sommes confrontés à des problèmes qui sont réellement de portée nationale et qui menacent le pays tout entier", a, pour sa part, récemment reconnu le ministre de la Justice, lui-même afro-américain.

Avec AFP et Reuters