
Des peshmerga, combattants kurdes irakiens, sont arrivés en Turquie dans la nuit de mardi à mercredi pour rejoindre la ville syrienne de Kobané et venir en aide à leurs frères d'armes qui résistent aux assauts de l'EI depuis le 16 septembre.
Une semaine après le feu vert d’Ankara, les renforts tant attendus par les kurdes de Kobané sont en chemin. Les premiers peshmerga, combattants kurdes irakiens, sont arrivés dans la nuit du mardi 28 au mercredi 29 octobre en Turquie, pour rejoindre la ville syrienne kurde assiégée par les jihadistes de l'EI depuis le 16 septembre.
Débarqués à l'aéroport de Sanliurfa, dans le sud de la Turquie, ils ont aussitôt pris la route pour la frontière turco-syrienne, distante d'une cinquantaine de kilomètres, escortés par quatre blindés de l'armée turque et un véhicule de police. Outre ce contingent, une autre colonne de peshmerga est arrivée en Turquie par le poste-frontière de Habur. Ce convoi d'une quarantaine de véhicules a été accueilli par des centaines de personnes qui agitaient des drapeaux kurdes. Il devait rejoindre par la route la ville-frontière turque de Suruç plus à l'ouest, avant de passer en Syrie.
"Les deux convois - qui ont été ralentis pas les effusions de joie des Kurdes de Turquie - devraient passer dans la journée à Kobané. Mais ils attendent d'être tous réunis pour passer la frontière ", explique Roméo Langlois, envoyé spécial de France 24 à Sanliurfa, près de la frontière turco-syrienne.
Sous la pression insistante de la coalition menée par les États-Unis, le gouvernement turc avait donné la semaine dernière son feu vert au passage des combattants peshmerga sur son territoire. Mais Ankara refuse de venir militairement en aide aux forces kurdes de Kobané. Les Turcs craignent notamment qu'une telle opération ne profite aux indépendantistes du PKK, parti des travailleurs du Kurdistan en guerre avec la Turquie depuis 1984.
Les peshmerga acheminent des armes lourdes
Quelque 150 peshmerga devraient porter secours aux combattants kurdes qui résistent aux jihadistes depuis plus de 40 jours. Halgord Hekmat, porte-parole du ministère de la Sécurité du Kurdistan irakien qui combat l'EI en Irak, avait indiqué qu’ils seraient "une force de soutien" à Kobané "jusqu'à ce que leur présence ne soit plus nécessaire".
"Les peshmerga ne devraient pas combattre mais acheminer des armes lourdes : des canons, des mortiers des pièces d’artillerie et des mitrailleuses lourdes de type 12-7", précise Roméo Langlois.
Les hommes du YPG, combattants kurdes syriens qui combattent les jihadistes depuis plus d'un an sur le terrain, se disent suffisamment aguerris pour ne pas avoir besoin de renfort en hommes. "Ce sont ces armes qu’attend le YPG [bras armé du Parti de l'Union démocratique en Syrie, NDLR] car, en face, les hommes de l'EI sont extrêmement bien armés et disposent d’armes saisies en juin, lors de la prise de Mossoul", rappelle l'envoyé spécial de France 24. Reste à savoir si les peshmerga parviendront à passer la frontière avec leur chargement.
Les combats se poursuivent à Kobané
À Kobané, les jihadistes de l'organisation extrémiste sunnite de l’État islamique (EI) tentent d’empêcher l’arriver de ces renforts en s’attaquant aux quartiers nord de la ville afin de bloquer la voie vers la Turquie. "On entend des tirs et des explosions de l'autre côté de la frontière. Il semble que les combattants de l'EI soient en train de pilonner les positions des kurdes de Syrie pour empêcher les renforts d'entrer dans la ville de Kobané", témoigne Roméo Langlois.
Les combattants kurdes, quant à eux, ont réussi à repousser plusieurs assauts ces derniers jours, aidés par des frappes aériennes de la coalition menée par les États-Unis. Mardi, au moins neuf jihadistes ont été tués dans une embuscade tendue par les combattants kurdes des YPG entre deux villages de la périphérie est de la ville, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Parallèlement, les avions de la coalition ont mené trois frappes sur des cibles dans le centre de Kobané, selon cette ONG. L'armée américaine avait auparavant fait état de quatre frappes ayant notamment détruit lundi et mardi des positions de tirs dans la région de Kobané.
Dans sa guerre de propagande, l'EI a diffusé une vidéo mettant en scène dans Kobané le photojournaliste John Cantlie, qu'il détient en otage depuis novembre 2012. Le Britannique y dément les informations selon lesquelles les jihadistes auraient été forcés d'abandonner leur offensive contre la ville.