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Hong Kong : le chef de l’exécutif exclut de démissionner

Pour la première fois depuis le début des manifestations pro-démocratie à Honk Kong, le chef de l’exécutif local Leung Chun-ying a invité les étudiants protestataires à dialoguer, mais a écarté l’idée d’une quelconque démission.

Leung Chun-ying, le chef de l'exécutif hongkongais, a opposé jeudi 2 octobre une fin de non-recevoir aux manifestants pro-démocratie qui réclament sa démission, tout en présentant une offre de dialogue aux étudiants qui représentent la majorité des protestataires.

Leung Chun-ying, que les manifestants présentent comme l'homme de main de Pékin à Hong Kong, avait été pressé de quitter ses fonctions avant la fin de la journée de jeudi. Les leaders étudiants du mouvement pro-démocratie menaçaient, le cas échéant, d'intensifier leurs actions et d'envahir les bâtiments gouvernementaux.

Ces derniers ont finalement réagi à la main tendue du gouvernement, en confirmant qu'ils acceptaient de discuter de leurs revendications, même s'ils ont réaffirmé leur souhait d'obtenir la démission du chef de l'exécutif.

"La Fédération des étudiants de Hong Kong va avoir une rencontre publique avec la secrétaire en chef de l'administration, Carrie Lam", a déclaré ce groupe dans un communiqué, tout en assurant que "la démission [du chef de l'exécutif] n'est qu'une question de temps".

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"Je ne démissionnerai pas parce je dois continuer à travailler sur [la réforme] électorale", qui constitue l’épicentre de la confrontation, avait auparavant martelé Leung Chun-ying au cours d'une conférence de presse convoquée dans sa résidence officielle, quelques minutes avant l'expiration de l'ultimatum des manifestants.

Un premier pas vers les étudiants contestataires

Connu à Hong Kong par ses simples initiales "C.Y", Leung Chun-ying a toutefois annoncé ce qui apparaît comme une concession significative, en invitant au dialogue la Fédération des étudiants, ce à quoi il se refusait jusqu'alors.

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Toutefois, le gouvernement et la police ont mis en garde les étudiants contre toute escalade. La police a été approvisionnée dans la journée en gaz lacrymogène et balles en caoutchouc, faisant craindre un épilogue violent à la plus grave crise politique que connaît l'ancienne colonie britannique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997.

"Le gouvernement et la police appellent ceux qui sont rassemblés aux abords du quartier général de la police, du CGO (siège du gouvernement) et du CEO (bureaux du chef de l'exécutif) à ne plus bloquer leur accès et de se disperser pacifiquement le plus tôt possible", indique un communiqué officiel.

La crise est partie d’une annonce du comité permanent de l'Assemblée nationale populaire chinoise (ANP - Parlement), en août, qui expliquait que le chef de l'exécutif de Hong Kong serait élu au suffrage universel en 2017 mais que les candidatures à cette élection resteraient sous le contrôle des grands électeurs acquis à Pékin.

L’activité économique fortement perturbée

Les manifestants, qui réclament l'instauration du suffrage universel plein et entier, font depuis cinq jours le siège des administrations gouvernementales entre les quartiers d'Admiralty et de Central, bloquant routes et carrefours. L'activité économique et la circulation des biens et des personnes est, de fait, fortement perturbée. À maintes reprises, les autorités du pays ont exhorté les manifestants à mettre un terme à leur blocus.

"Pendant tout ce temps, le gouvernement et la police ont fait preuve de la plus grande tolérance en laissant [les manifestants] se réunir pour exprimer leurs revendications et préoccupations", a plaidé Leung Chun-ying. "Partout ailleurs dans le monde, si des manifestants avaient fait le siège des bâtiments gouvernementaux [...], le problème et le résultat auraient été bien plus dramatiques", a-t-il insisté.

Dimanche, les policiers avaient fait usage de gaz lacrymogène et de gaz au poivre et les images de jeunes manifestants fuyant devant l'assaut de la police anti-émeute avaient ému tant à Hong Kong qu'à l'étranger.

Quelques heurts jeudi après-midi

De brèves échauffourées ont éclaté jeudi après-midi, lorsque des manifestants ont vu des policiers décharger des caisses en bois et des fûts en métal. Sur des images abondamment relayées sur Internet, on peut lire sur les caisses : "Round, 38 mm rubber baton multi", ce qui désigne sans équivoque des balles en caoutchouc. Sur un fût, les lettres "CS" laissent penser à des projectiles de gaz lacrymogène, parfois désigné en anglais d'après les initiales de ses inventeurs.

Sous forte pression médiatique et diplomatique, Pékin a prévenu Washington qu'il était hors de question que les États-Unis se mêlent de cette grave crise politique.

L'Union européenne a exprimé jeudi sa "préoccupation" face à la situation, appelant toutes les parties à "continuer à montrer de la retenue". "Nous encourageons toutes les parties à travailler dans un esprit de compromis pour une solution constructive dans le cadre de la Loi Fondamentale et du principe 'Un pays, deux systèmes'", a plaidé le service diplomatique de l'Union européenne par voie de communiqué.

Avec AFP