
Un groupe lié à l'organisation de l'État islamique (EI) a revendiqué, lundi, dans une vidéo, le rapt du Français Hervé Gourdel en Algérie. Son nom : les "Soldats du califat". Que sait-on de ces jihadistes ? Éléments de réponse.
Ils se font appeler les "Soldats du califat en Algérie", dans la vidéo diffusée sur Internet lundi soir - que France 24 a choisi de ne pas diffuser - et menacent d'exécuter l'otage français Hervé Gourdel si la France ne met pas "fin aux hostilités contre l'État islamique". Pour le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, il s'agit d'un "groupe terroriste d'une cruauté extrême" qui veut "inspirer la terreur".
À l'origine baptisé "Al-Qaïda au Maghreb islamique dans la zone centrale" (zone qui correspond à la Kabylie, NDLR), ce groupe était en fait une dissidence d'Aqmi. "Cette brigade s'est rapprochée de l'organisation de l'État islamique (EI) en mars dernier, alors que des divergences ont commencé à apparaître publiquement entre les deux grandes mouvances jihadistes", précise sur France 24 Romain Caillet, chercheur à l'Institut français du Proche-Orient (IFPO).
Leurs représentants ont commencé à prêter serment d'allégeance à Abou Bakr al-Baghdadi, "calife" de l'EI, "à partir de la fin du mois de juin", poursuit Romain Caillet. Son commandant Abdelmalek al-Gouri, alias Khaled Abou Souleimane, a officialisé sa rupture avec Al-Qaïda, le 14 septembre, en donnant à son groupe le nom de "Soldats du califat" (Jund al-Khilafah). Ce dernier est recherché par les services de sécurité algériens et a été condamné par contumace en 2012 à la peine capitale.
Il ne s'agit pas de la première scission d'Aqmi en Algérie. En 2012, l'ancien cadre d'Aqmi, Mokhtar Belmokhtar, avait également créé sa brigade "les signataires par le sang", avant de lancer l'année suivante l'attaque de la station pétrolière In Amenas, en Algérie. Mais pour la première fois depuis 1990 et la fin de la guerre en Algérie, un goupe jihadiste enlève un ressortissant français dans le pays.
Les défections sont de plus en nombreuses dans toutes les branches d'Al-Qaïda. "Mécontents de leur position, les chefs de second rang, savent que la majorité de leurs combattants veulent rejoindre l'EI", explique Romain Caillet. De ce fait, ils se rallient à l'EI en apportant avec eux leurs troupes, poursuit le spécialiste des mouvances jihadistes. Certains observateurs prédisent même la disparition prochaine d'Al-Qaïda.