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Assassinat de James Foley : la famille règle ses comptes avec Washington

Les parents de James Foley accusent l'administration américaine de les avoir dissuadés, en les menaçant de sanctions pénales, de verser une rançon pour libérer le journaliste assassiné. Selon eux, son cas représentait une "gêne".

La famille de James Foley, le journaliste américain décapité par les jihadistes de l’organisation de l’État islamique le 19 août dernier, s’est récemment confiée à deux télévisions américaines.

Sur ABC News, la mère et le frère du reporter ont affirmé qu’un militaire, travaillant pour le Conseil de sécurité nationale, les avait avertis à plusieurs reprises qu'ils risquaient une inculpation au pénal en cas de paiement d’une rançon pour la libération de l’otage.

"Nous avons pris ça pour une menace et c'était épouvantable", a déclaré Diane Foley, la mère du journaliste assassiné. "À trois reprises, il nous a intimidés avec ce message. Nous étions horrifiés qu'il dise ça. Il nous a simplement dit que nous serions poursuivis. Nous savions que nous devions sauver notre fils, nous devions essayer."

Washington dément

La Maison blanche a refusé de commenter ces déclarations."Je ne vais pas entrer dans le détail de qui a dit quoi dans le contexte de ces conversations individuelles", a déclaré le porte-parole de la présidence Josh Earnest. Il a également réaffirmé que les États-Unis avaient pour principe de ne pas payer de rançons aux ravisseurs pour éviter d'encourager d'autres enlèvements.

Une porte-parole du Conseil de sécurité nationale interrogée par ABC a déclaré, de son côté, que la famille Foley avait été informée des lois américaines interdisant le financement du terrorisme, mais elle a nié qu'elle ait été menacée de poursuites.

Le secrétaire d'État John Kerry, en visite en Turquie, a dit qu'il ignorait totalement cet incident. "Je ne tolérerai pas que quiconque au sein du département d'État fasse de telles déclarations", a-t-il affirmé.

Ne pas parler aux médias

Dans un entretien diffusé sur CNN jeudi soir, la famille Foley a, par ailleurs, déclaré avoir senti que le cas de son fils avait constitué une "gêne" pour l'administration américaine. La famille a également été informée qu'aucun prisonnier ne serait échangé contre Foley, et que le gouvernement ne lancerait pas d'opération militaire, a-t-elle ajouté. La famille a été dissuadée d'"aller parler aux médias" et "rassurée sur le fait que l'on s'occupait du cas" du journaliste, a-t-elle dit.

"En tant qu'Américaine, j'étais embarrassée et choquée", a-t-elle confié. Le Pentagone et la Maison Blanche avaient annoncé, peu après l'exécution sommaire de Foley, l'échec d'une opération "cet été" pour porter secours à des otages américains détenus par l'EI en Syrie. "Nos efforts pour faire libérer Jim ont représenté une gêne pour le gouvernement, a-t-elle ajouté, cela ne semblait pas faire partie de nos intérêts stratégiques, si vous voulez."

"Jim aurait été attristé. Jim a cru jusqu'à la fin que son pays viendrait à leur secours", a dit sa mère. "On nous a juste dit d'avoir confiance dans le fait qu'il serait libéré d'une manière ou d'une autre, miraculeusement", a dit sa mère, "et il ne l'a pas été, n'est-ce pas ?"

Une vidéo montrant la décapitation de James Foley a été diffusée sur internet le 19 août dernier. Deux semaines plus tard, une vidéo similaire montrait la décapitation d'un autre journaliste américain aux mains des jihadistes, Steven Sotloff.

Avec AFP et Reuters