L’Élysée a annoncé mercredi que les conditions n’étaient pas réunies pour que la France autorise la livraison du premier navire Mistral commandé par la Russie, citant l’aggravation de la situation en Ukraine.
Dans un communiqué publié mercredi 3 septembre, l’Élysée estime que les conditions pour que la France autorise la livraison du premier des deux navires de guerre Mistral commandés par la Russie "ne sont pas à ce jour réunies". Une décision prise notamment en raison de l'aggravation de la crise ukrainienne.
Devant "la situation en Ukraine", qualifiée de "grave", le "président de la République a constaté que, malgré la perspective d'un cessez-le-feu qui reste à confirmer et à être mis en œuvre, les conditions pour que la France autorise la livraison du premier BPC (Bâtiment de projection et de commandement, NDLR) ne sont pas à ce jour réunies", précise ce document émis à l'issue d'un conseil restreint de Défense.
"Les actions menées récemment par la Russie dans l'est de l'Ukraine contreviennent aux fondements de la sécurité en Europe", fait valoir l'Élysée à la veille d'un sommet de l'Otan au Pays de Galles.
"Le contrat est suspendu jusqu'en novembre. C'est à cette date que l'on verra s'il y a des conséquences financières", a indiqué une source diplomatique française, ajoutant que celles-ci "pourraient nous coûter 1 milliard d'euros".
Condamnations internationales
La France a "entendu la pression de la communauté internationale", précise la même source diplomatique. Washington a immédiatement salué "une sage décision".
Les États-Unis avaient une nouvelle fois dénoncé mercredi la vente par la France de navires de guerre à la Russie, au moment où les Européens s'apprêtent à renforcer leurs sanctions contre le Kremlin, accusé de participer directement aux combats dans l'est de l'Ukraine.
La livraison du Mistral a été vivement critiquée aussi en Europe, par le Royaume-Uni, l’Allemagne et les pays baltes notamment. "Dans un contexte de tension sans précédent avec la Russie, alors que l'Union européenne tente de faire front et de parler d'une seule voix, il est totalement impensable que la France poursuive la livraison de ses porte-hélicoptères Mistral à la Russie et forme des soldats russes à leur maniement", avait écrit, mardi 2 août, Manfred Weber, un ténor du CDU, le parti d’Angela Merkel. Longtemps, la France avait rejeté ses critiques, soulignant, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, que " les contrats signés et payés sont honorés ".