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Les agriculteurs ne sont pas les premiers bénéficiaires de la PAC

La liste des bénéficiaires de la PAC, publiée par le Ministère de l'Agriculture, montre que les agriculteurs captent la plus grande partie de l'aide de l'UE. Mais groupes agroalimentaires et associations caritatives arrivent en tête de liste.

AFP - Des groupes agroalimentaires et associations caritatives sont les principaux bénéficiaires de la politique agricole commune (PAC) en France avec en tête le volailler Doux, qui a touché près de 63 millions d'euros en 2008, selon la première liste complète divulguée jeudi.

Les 24 principaux bénéficiaires ont touché des aides supérieures à 5 millions d'euros et, fait surprenant, aucun agriculteur n'y figure, selon la liste mise en ligne par le gouvernement sur telepac.agriculture.gouv.fr.

Cette liste recense 508.000 bénéficiaires d'aides de la PAC en 2008 pour un montant de 10,39 milliards d'euros.

Si les agriculteurs (487.177) ont capté la plus grande partie de cette aide (9,5 milliards), sociétés, collectivités, associations caritatives, et forestiers en ont aussi largement bénéficié.

A elles seules 3.880 entreprises ont perçu au titre d'aides à l'investissement, à la restructuration ou à l'exportation plus de 580 millions d'euros.

Les 27 pays européens ont, depuis ce jeudi, l'obligation de publier sur des sites internet la liste intégrale et nominative des bénéficiaires de l'ensemble des subventions agricoles européennes sur leur territoire, avec les montants.

Si l'Allemagne traîne les pieds, la France, principale bénéficiaire de la PAC, a joué la transparence.

D'autant que le ministre de l'Agriculture, Michel Barnier, a annoncé pour 2010 une réorientation des aides européennes pour une politique agricole française "plus juste". Quelque 1,4 milliard d'euros seront redistribués vers des secteurs ou des territoires fragiles.

En tête du classement pour 2008, le volailler Doux a perçu 62,8 millions d'euros d'aides entre octobre 2007 et octobre 2008. Le groupe s'est défendu de toucher des "subventions" mais des aides à l'exportation, d'autant plus élevées qu'il est leader européen de son secteur à l'export.

Ces aides consistent en un mécanisme de compensation, baptisé "restitution européenne", qui permet de combler l'écart entre le prix pratiqué par les exportateurs européens, plus élevé, et celui des cours mondiaux, plus faible.

Cette restitution "permet à un secteur européen et aux entreprises qui le composent d'être compétitifs au niveau mondial", a fait valoir auprès de l'AFP une porte-parole du groupe.

Les sucriers (Saint Louis Sucre, Tereos, Eurosugar, Sucres et denrées, et dans les DOM, Sucrière de la Réunion, Gardel, sucrerie de Bois Rouge) ont été nombreux à percevoir des aides, pour des montants compris entre 8 et plus de 50 millions d'euros.

Dans le peloton de tête est également présent le vignoble du Languedoc-Roussillon avec une aide de 38 millions d'euros, qui doit aider à sa restructuration.

Trois associations caritatives sont aussi d'importants bénéficiaires: la fédération des banques alimentaires (22,5 millions d'euros), le Secours Populaire (15,5 millions) et les Restaurants du Coeur (13,7 millions). Elles sont chargées de redistribuer des aides dans le cadre du Programme européen d'aide aux plus démunis (PEAD).

Pour leur part les agriculteurs ont touché au titre des aides directes (premier pilier) une moyenne de 20.396 euros par bénéficiaire. Parmi ceux-ci, 9,8% ont reçu plus de 50.000 euros d'aides (36% des aides), tandis que 30% ont perçu moins de 5.000 euros (2,5% des aides).

Pour le développement rural (second pilier), 228.000 agriculteurs ont perçu 1,3 milliard d'euros, y compris les contreparties nationales. La moyenne par bénéficiaire est de 5.700 euros.