Pour pouvoir endiguer l'épidémie qui a fait plus de 670 morts en Afrique de l'Ouest, l'Organisation mondiale de la santé appelle à se soigner dès les premiers symptômes. "Les personnes traitées rapidement peuvent en guérir", dit l'OMS.
"Ebola est pire que la guerre civile", dit-on en Sierra Leone. "Je ne peux pas fuir le virus comme j'ai fui les combats en 1991, en revanche, je peux être infecté à n'importe quel moment". Face à la propagation de la maladie dans l'ouest du continent africain, l'inquiétude de la population grandit.
Le virus, qui s'est déclaré au début de l'année en Guinée, touche désormais le Liberia et la Sierra Leone. Un premier mort a aussi été confirmé au Nigeria, un passager arrivé à Lagos par avion de Monrovia via Lomé, ce qui a conduit deux compagnies aériennes africaines, Arik et ASKY, à interrompre leurs liaisons avec le Liberia et la Sierra Leone. Le médecin en charge de la lutte contre l'épidémie de fièvre en Sierra Leone, Sheik Umar Khan, est mort du virus, mardi 29 juillet.
"Risque de voir de nouveaux pays touchés"
La fièvre hémorragique, qui a fait plus de 670 morts en Afrique de l'Ouest depuis le début de l'année, est la plus meurtrière depuis son apparition en 1976. Mais le pire reste à venir, prévient l'organisation Médecins sans frontières (MSF), qui parle d'un virus "hors de contrôle". Selon l'ONG, il existe un "réel risque de voir de nouveaux pays touchés".
Pour expliquer les difficultés à endiguer la maladie, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) déplore, de son côté, un manque total de coordination entre les pays touchés. "Les habitants se déplacent facilement d'un pays à l'autre et peuvent ainsi propager la maladie sans le savoir. La période d'incubation de la maladie est de 21 jours", commente sur France 24 Matshidiso Moeti, ex-adjointe au bureau régional de l’OMS pour l’Afrique.
Autre raison avancée par le Dr Moeti : "un manque de moyens matériels, mais aussi de personnels". La Commission européenne a annoncé cette semaine une aide supplémentaire de deux millions d'euros pour tenter de contenir l'épidémie, portant son assistance à 3,9 millions au total.
Pas de vaccin, mais un traitement contre l'Ebola
Mais pour endiguer au mieux l'épidémie, il est important que "la population soit réactive", ajoute Dr Isabelle Nuttall, coordinatrice à l'OMS à Conakry, en Guinée. "Les malades doivent être traités rapidement, dès les premiers symptômes comme des fortes fièvres, explique-t-elle. Plus ils sont pris en charge rapidement, plus ils peuvent en guérir". Contrairement aux idées reçues selon lesquelles la maladie est mortelle à 100%, l'OMS rappelle qu'il existe des traitements, même si aucun vaccin homologué n'a encore vu le jour.
Un traitement rapide permet aussi de diminuer le risque de contamination. "Il est important d'éviter de toucher les personnes malades, rappelle Dr Nuttal. Même s'il s'agit de nos parents ou de nos enfants, il ne faut pas les toucher sans se protéger". Le personnel médical dispose de vêtements de protection pour éviter tout contact avec le malade, qui peut transmettre le virus par la peau, ses sécrétions, comme en cas d'éternuements. Toute personne contaminée doit alors être mise en quarantaine.
La question des enterrements traditionnels, où les familles touchent le corps pendant les rites funéraires, pose aussi problème. "Il faut absolument éviter le défunt", souligne l'OMS qui a formé du personnel local "pour permettre aux familles d'organiser des funérailles appropriées, sans prendre de risques".