Alors que le PDG de General Electric s'apprête à faire une offre améliorée sur Alstom, l’entreprise américaine joue le tout pour le tout avec une campagne "Made in France" afin de tenter d'obtenir les faveurs d'Arnaud Montebourg.
L’#Alliance proposée entre GE et @Alstom fera de la France un pôle mondial de l’énergie. http://t.co/y9F4SstNdU pic.twitter.com/euczwbh6Z5
— GE France (@GE_France) 16 Juin 2014La campagne de publicité lancée par General Electric (GE) pour promouvoir le "Made in France" tourne comme une turbine bien réglée. En pleine opération de conquête d'Alstom, le géant américain s’offre, depuis plusieurs jours, des publicités pleine page dans les plus grands quotidiens français afin de défendre une potentielle "alliance", qui pourrait faire de "la France un des tout premiers pôles mondiaux de l’énergie". L'entreprise s’engage en outre "à créer 1 000 nouveaux emplois" et des milliers d’autres de façon indirecte.
Loin de passées inaperçues, ces annonces publicitaires s'adressent à l'opinion publique française, mais surtout au ministre de l’Économie et du redressement productif, Arnaud Montebourg. Car si l’État tente d’afficher sa neutralité dans ce dossier, les patrons du groupe américain savent bien que le grand défenseur du "Made in France" ne cache pas sa préférence pour l'option Siemens, alliée désormais avec Mitsubishi.
Défendre l'emploi et l'industrie en France
Pour le moment, GE prévoit de racheter, pour 12,5 milliards d'euros, la totalité de la branche énergie d'Alstom qui doit se prononcer d'ici au 23 juin. Alors que la bataille entre dans sa dernière ligne droite et que le patron de GE, Jeff Immelt, doit présenter, jeudi 19 et vendredi 20 juin, une offre améliorée au gouvernement français et aux syndicats d'Alstom, l'Américain tente le tout pour le tout avec cette opération de communication, qui s'étend aussi sur les réseaux sociaux.
GE France, implantée depuis un siècle dans l'Hexagone, s'appuie en effet sur son compte Twitter, utilisé habituellement pour diffuser des informations techniques, pour défendre l’emploi et l'industrie en France, notamment dans l'usine de Belfort rachetée à Alstom en 1999. “Le saviez vous ? Les plus grandes turbines à gaz au monde sont construites à Belfort, en France. #GE #MadeInFrance”, peut-on lire. Et plus loin : "Du 1er au 10 000e salarié, nous nous sommes toujours engagés au profit du territoire français".
Certains salariés de cette usine ont d'ailleurs témoigné dans des portraits vidéos publiés sur Twitter. C'est notamment le cas d'Erwan, ingénieur. "Il est marié et père de famille. C'est l'un des 10 000 employés de GE en France". Ou bien : "La famille de Laure a toujours contribué au leadership industriel français. Laure perpétue cette tradition".
Derrière cette campagne se cache la PDG france de GE, Clara Gaymard, qui affirme travailler pour un groupe mondial, américain… "et français". Elle est d'ailleurs qualifiée de "très bonne lobbyiste" par le patron d'un grand groupe français. Si GE décroche Alstom, il réalisera la plus grosse acquisition de son histoire.