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Les députés espagnols votent l'abdication du roi Juan Carlos

Malgré les appels au référendum sur l'avenir de la monarchie de plusieurs partis de l'opposition, le Congrès des députés espagnols a massivement voté, mercredi, l'abdication du roi Juan Carlos, ouvrant la voie à l'avènement de Felipe VI.

La couronne espagnole sort la tête haute du Congrès. Les députés espagnols ont donné leur feu vert, mercredi 11 juin, à l'abdication du roi Juan Carlos et à l'accession au trône du futur souverain, Felipe VI, par 299 voix pour, 19 contre et 23 abstentions.

Les députés du Parti populaire, de droite, qui dirige l'Espagne, et ceux du Parti socialiste ont massivement voté le texte, après avoir écouté le chef du gouvernement, Mariano Rajoy, défendre "la monarchie comme le meilleur symbole de l'unité de l'État".

55% des Espagnols pour la monarchie

Si ce choix était prévisible, il n'en reste pas moins étonnant car on se souvient de la vague républicaine qui avait envahi le pays, quelques heures à peine après l’annonce de l'abdication du roi Juan Carlos, à l'âge de 76 ans. Des dizaines de milliers de manifestants étaient descendus dans la rue, agitant le drapeau rouge, or et violet, pour réclamer "un référendum Maintenant" sur l’avenir de la monarchie, affaiblie par des scandales et les démêlés judiciaires de la fille de Juan Carlos. 

Malgré tout, la royauté reste populaire dans le pays. Selon un sondage réalisé après l'annonce de l'abdication du roi et publié lundi 9 juin, une majorité d'Espagnols (55,7 %) soutient "la monarchie comme modèle d'État" alors qu'ils étaient moins de la moitié (49,9 %) à soutenir ce modèle en janvier. Les députés, qui ont également rejeté, mercredi, les cinq amendements réclamant un référendum sur l'avenir de la monarchie, partagent donc l'avis même de la population.

"Dynastie en décrépitude"

En dépit de cette majorité écrasante, des voix dissonantes se sont élevées dans l'hémicycle au cours du vote, notamment celles d'Izquierda Unida ou des indépendantistes républicains catalans d'ERC, qui ont rejeté le texte. D'autres se sont abstenus, dont les nationalistes conservateurs catalans de CiU et basques du PNV.

Le représentant d'Izquierda Unida, Cayo Lara, a dénoncé la succession en cours, qu'il a qualifiée de "sang neuf pour une dynastie en décrépitude", tandis que les députés de son groupe levaient des pancartes demandant un référendum.

Dans ce paysage complexe, ceux qui demandent un référendum pour pouvoir décider de qui sera leur chef d'État, un président ou un roi, ne remettent pas forcément en cause la monarchie, associée en Espagne à la nouvelle ère démocratique après la dictature franquiste. 

Prêter serment le 19 juin

Le prince Felipe devrait donc prêter serment devant le Parlement le 19 juin, après l'approbation de la loi, deux jours plus tôt par le Sénat. Populaire, mais à la tête d'une institution contestée, Felipe aura donc une marge de manœuvre étroite pour redorer l'image de la Couronne et maintenir une unité nationale malmenée par les séparatismes basque et catalan.

Dans son premier discours de futur roi, le 3 juin, le prince héritier promettait de "mettre toutes ses forces" au service d'une Espagne "unie, diverse".

Avec AFP