
Accusé de laxisme face aux djihadistes qui traversent son territoire pour aller combattre en Syrie, le gouvernement turc durcit sa politique. La construction d'un mur de sécurité séparant les deux pays semble porter ses fruits.
D'un côté la Turquie, de l'autre la Syrie. Un mur de deux mètres de haut, érigé dans la province de Hatay sépare désormais les deux pays frontaliers. L'armée turque multiplie les installations en béton dans le but de renforcer la sécurité à la frontière, zone de transit pour les djihadistes.
Même s’il ne mesure que 1 500 mètres de long dans certains villages, les habitants se sentent déjà mieux protégés. "La construction de ce mur sert au moins à renforcer la sécurité, ce n'est pas suffisant, mais cela permet au moins de limiter les passages clandestins", confie à FRANCE 24 Mahmut, un villageois.
Située à quelques kilomètres de la frontière, la ville d'Antakya était l'un des principaux lieux de passage des combattants vers la Syrie. Accusé de laxisme, et face à la menace djihadiste, le gouvernement turc a décidé de durcir sa politique. Et pour le maire fraichement élu, ces nouvelles mesures commencent à montrer des résultats.
"Les combattant sont sans doute toujours présents dans les zones rurales, près de la frontière, où je souhaite que la sécurité soit encore plus renforcée, explique Lutfu Savas. Mais ce qui est clair, c'est qu'ils se font désormais rares dans les rues d'Antakya."
Les djihadistes passent par l'Irak
Dans le centre-ville, l’appartement de Jamil était un repère de djihadistes. Dans son logement, des photos de ses hôtes morts au combat. Mais depuis l’édification du mur, il n’accueille plus de visiteurs de ce type. Selon lui, les combattants en partance pour la Syrie ont été contraints de modifier leur trajectoire. "Le fait que la Turquie contrôle davantage sa frontière pousse les djihahistes à passer par l'Irak pour entrer sur le territoire syrien", indique-t-il.
Selon Fatma Kizilboga, correspondante de FRANCE 24 en Turquie et auteure du reportage, cette situation s'explique surtout par le changement de dynamique sur le terrain. "Depuis janvier, les djihadistes de l'État Islamique en Irak et au Levant se sont retirés de la région d'Idlib qui se trouve adossée à la frontière turque pour se rendre dans l'est de la Syrie".
Et de conclure : "Pour la Turquie qui partage une frontière de plus de 800 kilomètres avec la Syrie, la menace n'a probablement fait que se déplacer".