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Le Français arrêté à Marseille, suspect numéro un dans l'attaque du Musée juif de Bruxelles, s'est radicalisé en prison, en France, avant de rejoindre la Syrie en 2013. L’homme a évoqué la tuerie dans une vidéo retrouvée dans ses affaires.

Dans une conférence de presse donnée à Paris dimanche 1er juin, le procureur de Paris François Molins a évoqué "un très fort faisceau d'indices graves et concordants" à l'encontre de Mehdi Nemmouche, un Français arrêté vendredi à Marseille, considéré comme le suspect numéro un dans la tuerie du Musée juif de Bruxelles, le 24 mai. Ce dernier a été arrêté lors d'un "contrôle fortuit".

"Nous avons retrouvé une Kalachnikov à cross rétractable et un revolver de calibre 38 spécial […] Des objets qui correspondent au tireur de Bruxelles […] Nous avons également retrouvé un drap blanc sur lequel il était inscrit au marqueur EIIL, État islamique en Irak et au Levant, [un groupe dissident d’al-Qaida en Syrie, NDLR]", a précisé le procureur devant la presse.

Le profil du "loup solitaire"

"Quand on est arrêté avec un tel arsenal, c'est qu'on n'est pas habité d'intentions pacifiques", a commenté le ministre de l'intérieur Bernard Cazeneuve sur France 2 dimanche soir, qui a évoqué "le profil d'un loup solitaire".

Âgé de 29 ans, le suspect, originaire de Roubaix, dans le Nord, se serait rendu en Syrie en 2013 pour rejoindre un groupe de djihadistes avant de rentrer en Europe en mars 2014. Il était fiché pour ces raisons par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). "Début 2013, le suspect est parti en Syrie, il y est resté un an et a rejoint les djihadistes de l’EIIL", a détaillé François Molins, précisant qu'après avoir quitté la Syrie via la Turquie, l'homme a séjourné en Malaisie avant de rejoindre l'Europe "vraisemblablement dans le but de brouiller les pistes". Il est contrôlé le 18 mars 2014 en Allemagne avant que les autorités ne reperdent sa trace.

Deux perquisitions ont eu lieu dimanche après-midi à Tourcoing (Nord) aux domiciles de proches de la grand-mère et de l’une des tantes de Mehdi Nemmouche.

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"Il se rend en Syrie en passant par Londres et Beyrouth"

Mehdi Nemmouche évoque la tuerie dans une vidéo

Un enregistrement vidéo a par ailleurs été "retrouvé dans un fichier caché" de l'appareil photo Nikon saisi dans les affaires du jeune homme tend à confirmer les soupçons des enquêteurs : une voix, que le procureur estime être celle de Mehdi Nemmouche, évoque l'attaque de Bruxelles. L'homme n'apparaît pas lui même sur ce film. Mais cette vidéo de 40 secondes montre une Kalachnikov et un pistolet, deux armes semblables à celles utilisées mardi dernier dans la fusillade au Musée juif de la capitale belge.

Délinquant multirécidiviste connu des services de police, le suspect a été condamné à sept reprises entre 2004 et 2009 pour plusieurs tentatives de vols aggravés, des conduites sans permis et des refus d’obtempérer. Il se serait radicalisé au cours de ses divers séjours en prison.

"Peu bavard" en garde à vue

Remis vendredi aux agents de la DGSI, il a été placé en garde à vue et pourrait être mis en examen pour assassinat et tentative d'assassinat en lien avec une entreprise terroriste notamment. Sa garde à vue, qui a commencé le 30 mai à la mi-journée, peut durer 96 heures, c'est-à-dire jusqu'à mardi, voire 144 heures, soit jusqu'à jeudi, si les enquêteurs estiment qu'il existe une menace terroriste imminente. "Il est peu bavard et invoque le droit au silence", a ajouté le procureur de Paris.

Sa famille, résidant dans le quartier sensible de La Bourgogne à Tourcoing (Nord), classé en zone de sécurité prioritaire (ZSP), n'était plus en contact avec lui "pendant toutes ses années de détention". "C'est lui qui ne voulait pas donner de ses nouvelles, il ne voulait pas nous causer de problèmes", a déclaré un des membres de sa famille, sous couvert de l'anonymat. "Quand il est sorti [de prison, fin 2012, NDLR], on a eu la surprise de le revoir. Il nous a semblé normal, comme d'habitude, en bonne santé. Il est passé faire un petit coucou et on ne l'a plus jamais revu", a également témoigné l'une de ses tantes.

Avec AFP