Aux États-Unis, les politiques multiplient les commémorations pour les 25 ans de la répression du Printemps de Pékin. Dernier exemple : une demande pour rebaptiser la rue de l'ambassade de Chine à Washington au nom du dissident emprisonné Liu Xiaobo.
Dans une lettre adressée au maire de la capitale américaine jeudi 29 mai, une douzaine de membres de la Chambre des représentants, de la majorité comme de l’opposition, demandent que la portion d’International Place qui sert d’adresse à la représentation diplomatique chinoise porte désormais le nom de l’écrivain chinois impliqué dans le mouvement pro-démocratie de 1989.
"Cette modeste mesure donnerait sans aucun doute espoir au peuple chinois qui aspire à des droits humains fondamentaux et à une démocratie représentative, et rappellerait à leurs oppresseurs qu'ils sont en fait du mauvais côté de l'Histoire", peut-on lire dans le courrier. On attend désormais la réponse de la municipalité.
Cette démarche fait partie d’une série d’initiatives parlementaires américaines commémorant l’intervention des chars chinois contre les manifestants le 4 juin 1989. Lors d’une conférence de presse jeudi, la chef de file des représentants démocrates, Nancy Pelosi, a déclaré : "Vingt-cinq ans après, l’esprit de la Place Tiananmen est toujours vivant, mais les défis perdurent. Le gouvernement chinois censure toute mention du 4 juin. Liu Xiaobo reste le seule lauréat du Prix Nobel de la paix emprisonné."
Liu Xiaobo n’a jamais pu recevoir son prix Nobel, attribué en 2010, car il purge une peine de 11 ans de prison pour son rôle dans la rédaction d’une pétition appelant à des réformes démocratiques en 2008.
Nancy Pelosi a également reçu jeudi le prix de la démocratie du National Endowment for Democracy au nom de Liu Xiaobo. Le trophée remis par l’organisme public américain de promotion des libertés est un modèle réduit de la "Déesse de la démocratie", la statue construite par les manifestants sur la place Tiananmen en 1989.
"Héros et martyrs de la Place Tiananamen"
La Chambre des représentants a adopté mercredi 28 mai une résolution "appelant le gouvernement de la République populaire de Chine à respecter la liberté d’association, d’expression et de religion ainsi que tout les droits de l’Homme fondamentaux, l’état de droit pour tous ses citoyens et à mettre fin à la censure des discussions sur les manifestations de la Place Tiananmen en 1989 et leur répression violente".
Une commission parlementaire américaine doit auditionner vendredi d’anciens participants au Printemps de Pékin afin "d’examiner comment les aspirations des héros et des martyrs de la place Tiananmen continuent à inspirer le peuple chinois aujourd’hui", selon les termes du représentant républicain Chris Smith.
Ces commémorations interviennent sur fond de tensions entre Pékin et Washington alors que la police américaine diffuse depuis le 19 mai des avis de recherche pour l’arrestation de cinq militaires chinois accusés d’intrusions informatiques dans les systèmes d’entreprises américaines afin de leur dérober des secrets commerciaux.
Jeudi, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a nié tout espionnage industriel et déclaré : "Les États-Unis ont délibérément fabriqué cette histoire de toutes pièces et persisté dans la mise en accusation des cinq militaires. Ces actions constituent des violations graves du droit international et des normes de base des relations internationales et diminuent la confiance et la coopération mutuelle entre la Chine et les États-Unis."