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La police française évacue trois camps de migrants à Calais

La police a délogé mercredi des migrants de leurs camps de fortune à Calais. Une opération qui vise à éradiquer une épidémie de gale qui touche les réfugiés clandestins. Les associations dénoncent un "simulacre de prise en charge" sanitaire.

C’est une nouvelle opération coup de poing qui a démarré, mercredi 28 mai, peu avant 8 heures à Calais. La police a procédé à l’évacuation de camps de migrants, qui abritent environ 650 personnes, depuis plusieurs semaines.

Réfugiés sous des tentes ou des bâches de fortune, les migrants, essentiellement syriens et africains, ont quitté d'eux-mêmes leurs abris lorsqu'ils ont vu arriver les forces de l'ordre, huées par les militants associatifs. Dans le calme et sous les objectifs des nombreuses caméras de journalistes, les policiers, parfois assistés d'un interprète, inspectaient les tentes une à une, évacuant les rares personnes restantes.

"Je vais mettre ma tente ailleurs"

"C'est triste et ça ne change rien. Je vais mettre ma tente ailleurs, je vais me cacher et ne plus être avec les autres, on sera moins en sécurité et on va devoir se cacher", regrette Jalal, un Irakien d'une vingtaine d'années, tout en précisant qu'il tentera à nouveau de passer en Angleterre.

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Cette évacuation vise notamment à éradiquer une épidémie de gale qui touche les migrants depuis des semaines. Plusieurs associations avaient écrit au Premier ministre Manuel Valls pour l'alerter sur la situation sanitaire "catastrophique".

Certaines associations dont Médecins du Monde (MDM), le Secours catholique, Amnesty International ou la Cimade, ont vivement critiqué ce démantèlement effectué, selon elles, "sans concertation" et sans "qu'aucune solution alternative de mise à l'abri ne leur soit proposée".

"Un simulacre de prise en charge médicale"

"Combiner à la fois une démarche thérapeutique et une expulsion est un simulacre de prise en charge médicale. Le comprimé qui va être donné est un comprimé qu'on doit renouveler une semaine après pour être sûrs que le traitement contre la gale soit efficace", a dit à l'AFP le docteur Jean-François Corty, directeur des opérations France de MDM, qui craint par ailleurs que certains migrants partent "avant que les soins ne soient prodigués".

"Je suis scandalisé, dépité. On est au même point que lors de l'évacuation de Sangatte, l'évacuation de la 'jungle' (en septembre 2002, NDLR), rien ne change, c'est un peu plus calme, avec un peu plus de communication, mais on évacue et tout recommence, des mois, des
années après une évacuation, tout est pareil", a déploré Jean-Claude Lenoir, de l'association Salam.

Entre 800 et 850 migrants sont actuellement présents dans le Calaisis, dont 600 à 650 pour la seule zone portuaire de Calais, qui souhaitent pour la plupart passer en Angleterre. Leur nombre a doublé en l'espace de quelques semaines.

Avec AFP