L'affaire Bygmalion s'élargit au financement de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012. Son ex-directeur adjoint, Jérôme Lavrilleux, a reconnu des "dérapages", excluant toutefois la responsabilité de Jean-François Copé et de Nicolas Sarkozy.
L'"affaire Bygmalion" serait celle des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy. C'est l'accusation portée lundi 26 mai par la société Bygmalion, fondée par des proches de Jean-François Copé, contre l'ancien chef de l'État, dont les partisans espèrent toujours le retour pour sauver une UMP en voie d'implosion.
Quelques heures après ces accusations, l'ex-directeur adjoint de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012, Jérôme Lavrilleux, a, en direct sur BFM-TV, admis des "dérapages". "Il y a eu des factures présentées à l'UMP qui correspondaient à des dépenses faites pour la campagne" du chef de l'État sortant, a reconnu, en larmes, ce proche de Jean-François Copé, tout juste élu député européen dans le Nord-Ouest.
Lavrilleux dédouanne Sarkozy et Copé
Pour quelles raisons ce montage a-t-il été mis en place? Parce que les dépenses de campagne "sont plafonnées", et qu'"au-delà d'une certaine somme, on ne peut plus les intégrer dans le compte" du candidat, a-t-il expliqué. Or "il y a eu un dérapage sur le nombre - non pas sur la valeur - mais sur le nombre d'événements qui ont été organisés dans le cadre de cette campagne".
"Je n'ai jamais eu à discuter ce genre de sujet, ni avec M. Sarkozy, ni avec M. Copé. J'assume mes responsabilités", a assuré M. Lavrilleux, précisant qu'il y avait eu "environ 11 millions d'euros de dépenses liées à la campagne ventilées sur d'autres opérations". Mais "il n'y a eu aucune malversation, aucun paiement en liquide", ni "enrichissement personnel", a-t-il insisté, très ému.
Les déclarations de Jérôme Lavrilleux, rouage essentiel de la campagne de 2012, confirment ce que révélait un peu plus tôt Patrick Maisonneuve, l'avocat de la société de communication Bygmalion, qui, devant des journalistes médusés, a accusé l'UMP d'avoir organisé un système de "fausses factures".
Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé étaient-ils au courant de cet "habillage"? L'avocat n'a pas répondu. "Que les responsables politiques disent clairement qui a fait quoi et quand [...] qu'ils aient le courage politique de le faire", s'est-il borné à dire à la veille du bureau politique de l'UMP.
Mais, nouveau coup de théâtre : dans la soirée, l'ex-trésorier de campagne de Nicolas Sarkozy, Philippe Briand a déclaré à l'AFP avoir écouté "avec consternation les déclarations" de Maître Patrick Maisonneuve et assure qu'"il n'a jamais été demandé d'imputer des dépenses sur le compte de l'UMP". Il réfute donc les accusations de Bygmalion et contredit également les aveux de Lavrilleux.
itSans même ces sommes potentiellement dissimulées, les comptes de la campagne Sarkozy avaient déjà été invalidés par le Conseil constitutionnel en juillet 2013, une première pour un candidat de premier plan dans l'histoire de la Ve République. Les Sages avaient arrêté à près de 23 millions d'euros les dépenses de campagne du président-candidat, soit près de 500 000 euros de plus que le plafond autorisé. Cela avait forcé l'UMP à lancer un appel aux dons de ses militants, "le Sarkothon", qui avait permis de recueillir plus de 10 millions d'euros.
Perquisitions
Lundi, quasiment au moment où Maître Maisonneuve commençait à s'exprimer devant la presse, les enquêteurs de l'office anticorruption entamaient une série de perquisitions : à l'UMP, chez Bygmalion (longtemps dirigée par des proches de Jean-François Copé), dans les locaux de l'association politique de ce dernier, Génération France.
Autre cible des enquêteurs de l'office anticorruption de la PJ : l'Association nationale pour la démocratie locale (AMDL), structure de formation des élus UMP présidée par Michèle Tabarot, autre proche de Jean-François Copé.
Avec AFP