logo

La France boudée par les touristes étrangers

Avec 20% de visiteurs étrangers en moins de février 2008 à février 2009, le tourisme en France subit les contrecoups de la crise. Quant aux recettes touristiques, la France n'occupe que le 3e rang, derrière les États-Unis et l'Espagne.

AFP - La France, première destination touristique au monde, a été rattrapée par la crise, à l'instar de sa grande rivale, l'Espagne: le nombre de visiteurs étrangers a plongé de près de 20% en février sur un an, et la chute devrait s'accélérer en mars.

Echaudés par la crise, touristes britanniques, américains et chinois, voire les visiteurs russes, encore en forte progression l'an dernier, se font plus rares dans les rues de Paris et sur la Côte d'Azur, a révélé vendredi une étude de l'Insee.

Le nombre total de nuitées dans les hôtels, touristes français et étrangers confondus, a reculé de 10,7% en février par rapport au même mois de 2008, indique cette étude réalisée conjointement avec la Direction générale de la compétitivité, de l'industrie et des services (DGCIS).

"C'est le recul le plus prononcé depuis le début de la crise en août 2008. A priori, la chute va encore s'accélérer en mars, selon nos données provisoires", a déclaré à l'AFP Brigitte Doguet, auteur de l'étude.

Sur deux mois, janvier et février, la baisse des touristes étrangers en France a atteint 13,2% par rapport à la même période de l'an dernier, autant qu'en Espagne (-13,1%). Depuis, la situation s'est encore dégradée en Espagne, avec un plongeon de 16,3% sur le premier trimestre.

La crise risque de contrecarrer les ambitions de la France: début 2008, Luc Chatel, alors secrétaire d'Etat chargé du tourisme, avait fixé comme objectif d'atteindre les 100 millions de visiteurs en 2015, soit une croissance de 2,8% par an.

Or, la décrue s'est déjà amorcée en 2008, avec 79,3 millions de visiteurs étrangers, soit 3% de moins qu'en 2007, sous l'effet d'une dégradation marquée au second semestre.

Quant aux recettes touristiques, la France s'était fait doubler dès 2002 par l'Espagne, et n'occupe désormais que le troisième rang, avec 39,5 milliards d'euros en 2007, derrière les Etats-Unis et l'Espagne.

Mais l'écart avec l'Espagne (42,1 milliards d'euros) se réduit depuis deux ans et la France ne désespère pas de repasser devant sa première rivale en Europe. La crise pourrait redistribuer les cartes.

Thierry Baudier, directeur général de Maison de la France, organisme chargé de la promotion touristique de l'Hexagone, est convaincu que "l'Espagne mettra plus de temps à remonter la pente".

"La situation géographique de la France, l'habitude des touristes d'y effectuer des courts séjours et les stations de ski, qui ont connu une très bonne saison", sont, selon lui, autant d'atouts permettant à la France de résister.

Quant aux pays émergents et sa clientèle long-courrier, première à être touchée par la crise, la France a pris les devants et y a démarré cet hiver une campagne de promotion d'un coût de 2 millions d'euros.

Le secrétaire d'Etat au Tourisme Hervé Novelli mise, lui, sur les Français pour maintenir à flot la destination France: "quand la crise frappe, les Français, qui sont déjà très enclins à rester en France, restent encore plus en France".

D'ailleurs, le recul des nuitées des Français dans les hôtels en février (-6,6%) a été moins prononcé que celui des étrangers.

La fréquentation des touristes britanniques a chuté de 24,3% et celle des Espagnols de 27,5%. La baisse a été également brutale pour les Allemands (-18,5%) et les Italiens (-14,6%).

Après deux années de fréquentation record, les nuages se sont aussi amoncelés sur le tourisme à Paris, où les revenus des hôteliers ont chuté de près de 15% pendant le week-end pascal. Mais, selon Office du tourisme, la performance de 2008 (+19,8%) était "difficile à battre".