Après les condoléances présentées par le Premier ministre turc Erdogan, la communauté arménienne en France salue un premier pas mais regrette l’absence de reconnaissance du génocide de 1915.
En France, la communauté arménienne reste sur sa faim, malgré les condoléances présentées, jeudi 24 avril, par le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, aux petits-fils des victimes du drame de 1915. "C’est la première fois que le Premier ministre turc dit quelque chose de positif à l’égard de ce peuple qui est le bouc émissaire de la Turquie. Pour autant, on est encore loin de la reconnaissance du génocide", estime, au micro de FRANCE 24, Ara Toranian, co-président du Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF).
Via un communiqué, le chef du gouvernement turc a estimé que c’était "un devoir humain de comprendre et de partager la volonté des Arméniens de commémorer leurs souffrances pendant cette époque". "Nous souhaitons que les Arméniens qui ont perdu la vie dans les circonstances du début du XXe siècle reposent en paix et nous exprimons nos condoléances à leurs petits-enfants", ajoute le texte. Erdogan a par ailleurs soigneusement évité d’employer le terme de "génocide", que la Turquie ne reconnaît pas.
Une omission qui fait bondir les premiers concernés. "Tant qu’il n’y aura pas de reconnaissance, il n’y aura pas non plus de sépulture", déplore Stéphane Petrossian, petit-fils de rescapés du génocide.
Invité par la presse à réagir aux propos de Recep Tayyip Erdogan après son discours, François Hollande a noté un progrès dans la position turque mais l'a jugée encore insuffisante. "C'est un mot qu'il faut entendre mais qui ne peut pas encore suffire. Ce qui doit être dit c'est ce qui s'est produit, même s'il y a là une évolution", a-t-il déclaré.
Pour autant, reconnaître le génocide impliquerait d’assumer que la République du pays a été fondée sur un crime, estime Erol Özkoray, un politologue turc. "Les équipes dirigeants de la République avaient du sang sur les mains", dénonce-t-il, à FRANCE 24.
En France, des cérémonies ont été organisées dans plusieurs villes pour commémorer le début des massacres le 24 avril 1915. À Paris, elles ont eu lieu en présence de François Hollande.