L'attaque d’une base de l'ONU à Bor, dans l’est du Soudan du Sud, jeudi, a fait au moins 20 morts parmi les réfugiés civils et 70 blessés, dont deux Casques bleus. Les États-Unis ont fermement condamné cette attaque.
D es civils armés se présentant comme des manifestants ont forcé l'entrée d'un camp de l’ONU à Bor, dans l’est du Soudan du Sud, dans lequel 5 000 personnes étaient réfugiées. Ils ont ouvert le feu, tuant au moins 48 civils et blessant plus de 100 personnes, dont des Casques bleus, selon les dernières informations de l'ONU. Dix assaillants ont également été tués.
"Quanrante-huit cadavres, dont des enfants, des femmes et des hommes, ont été retrouvés dans la base. Les corps de 10 attaquants ont été trouvés à l'extérieur de la base. Le nombre total de tués est de 58, mais ce nombre pourrait augmenter car plus de 100 personnes ont été blessées, certaines très gravement", a annoncé le chef des opérations humanitaires de l'ONU au Soudan du Sud, Toby Lanzer, à l'AFP.
Les États-Unis avaient donné jeudi soir un bilan de 20 morts et 70 blessés dans cette base de Bor, la capitale de l'État pétrolifère de Jonglei, où sont stationnés des Casques bleus indiens et sud-coréens.
Les assaillants ont débordé les forces gouvernementales
Les assaillants ont d'abord approché la base "en se faisant passer pour des manifestants pacifiques", désirant présenter une pétition à l'ONU, avant de lancer leur attaque, selon le communiqué des Nations unies. Les assaillants ont tiré au lance-roquettes pour ouvrir une brèche dans l'enceinte du camp puis "une foule d'hommes armés a forcé l'entrée de la base et a ouvert le feu" sur les civils, ont indiqué des responsables de l'ONU. Les Casques bleus ont à leur tour tiré sur les assaillants, après avoir effectué plusieurs tirs de sommation, les forçant à battre en retraite.
Le ministre sud-soudanais de l'Information, Michael Makuei, a indiqué qu'un "très grand nombre" d'hommes, armés de fusils, avaient débordé les forces gouvernementales et attaqué les civils coincés dans le camp, ajoutant que les attaquants cherchaient à venger la prise de la ville de Bentiu par les forces rebelles deux jours plus tôt.
Les États-Unis "condamnent fermement les récentes attaques par des groupes armés au Soudan du Sud", a affirmé l'ambassadrice américaine à l'ONU, Samantha Power, dans un communiqué. Washington va "coopérer avec ses partenaires pour établir les responsabilités et s'efforcer de poursuivre en justice les coupables", a-t-elle poursuivi.
Les Nations unies ont également dénoncé les attaques contre les civils dans le conflit au Soudan du Sud : "Les partenaires humanitaires sont révoltés par les tueries délibérées de civils dans des hôpitaux, des églises, des bases de l'ONU et d'autres lieux qui devraient être sacro-saints", a déclaré dans un communiqué l'agence humanitaire de l'ONU, l'Ocha.
Un pays ravagé par les violences
Le
conflit au Soudan du Sud, qui a fait des milliers, voire des dizaines de milliers de morts et au moins 900 000
déplacés, a éclaté le 15 décembre dernier à Juba, avant de rapidement s'étendre à d'autres États clés du pays, en particulier ceux du Haut-Nil, d'Unité et du Jonglei. Alimenté par une vieille
rivalité politique, il oppose le président sud-soudanais Salva Kiir à son ancien vice-président
Riek Machar, limogé en juillet 2013.
Plus de 67 000 civils sont réfugiés à l'intérieur des bases de l'ONU à travers le pays, afin de se protéger d'un conflit qui a pris une dimension ethnique, opposant les Dinka de Salva Kiir aux Nuer de Riek Machar. En décembre, des hommes armés avaient déjà attaqué une base de l'ONU dans la ville d'Akobo, également dans l'État de Jonglei, tuant au moins 11 civils et deux Casques bleus indiens.
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a mis en garde mercredi contre un risque de famine. Selon l’Unicef, plus de 3,7 millions de personnes ont un besoin urgent d'
aide humanitaire et jusqu'à 50 000 enfants vont mourir dans les prochains mois si une action immédiate n'est pas mise en œuvre.
Avec AFP et Reuters