Dans une interview qui paraîtra dimanche dans l’hebdomadaire "Jeune Afrique", le président rwandais Paul Kagame accuse une nouvelle fois la France de "participation" à "l’exécution" du génocide, qui a fait plus de 800 000 morts en 1994.
À la veille des cérémonies marquant le vingtième anniversaire du génocide, le président rwandais Paul Kagame pointe à nouveau la responsabilité de la France dans le massacre, qui a fait 800 000 morts en 1994, dans une interview à paraître dimanche 6 avril dans l'hebdomadaire "Jeune Afrique".
Le président rwandais dénonce le "rôle direct de la Belgique et de la France dans la préparation politique du génocide" et "la participation de cette dernière à son exécution même". Il accuse les soldats français de l'opération militaro-humanitaire Turquoise, déployée en juin 1994 dans le sud du pays, d'avoir été non seulement "complices ", mais aussi "acteurs" des massacres.
"Interrogez les rescapés du massacre de Bisesero en juin 1994 et ils vous diront ce que les soldats français de l'opération Turquoise y ont fait. Complices certes, à Bisesero comme dans toute la zone dite ‘humanitaire sûre’, mais aussi acteurs", accuse Paul Kagame. Il estime que, "vingt ans après, le seul reproche admissible" aux yeux de la France est celui de "ne pas en avoir fait assez pour sauver des vies pendant le génocide".
Maintes fois démenties par Paris, ces accusations ont déjà été formulées par Kigali à plusieurs reprises, notamment en août 2008 lors de la publication du rapport de la commission d'enquête rwandaise sur le rôle supposé de la France dans le génocide.
En 2008, la commission d'enquête avait déjà évoqué l'affaire du village de Bisesero (ouest), où jusqu'à 50 000 Tutsis avaient trouvé refuge, accusant l'armée française "d'avoir retardé sciemment de trois jours le sauvetage de près de 2 000 survivants afin de laisser le temps aux tueurs de les achever".
Avec AFP